S’attaquer au fléau du racisme en entreprise et briser le mur du silence, c’est l’engagement pris par la CFDT depuis plus de 10 ans. Elle appelle chaque structure, chaque militant à oser affronter les comportements racistes et discriminatoires sur les lieux de travail. Mais les syndicalistes, s’ils sont les principaux acteurs en entreprise, ne sont pas les seuls concernés. C’est bien l’ensemble de la société qui doit aujourd’hui se mobiliser.
Personne ne dit qu’il est raciste, car chacun pense que ce qu’il dit et fait est normal ! Mais l’existence réelle des discriminations n’est plus à démontrer. Les discours et les actes fondés sur l’ostracisme, la xénophobie, l’antisémitisme, le racisme se développent. Présents dans la société, ces phénomènes de rejet n’ont aucune frontière. Enquêtes et travaux montrent qu’ils ont pénétré l’entreprise. Les discriminations raciales s’inscrivent massivement dans la réalité quotidienne et revêtent toutes sortes de formes : non-accès à l’emploi, aux formations, aux stages ; qualifications dévalorisées donc sous-rémunérées ; injustices flagrantes ou insidieuses, etc. Ce sont aussi des paroles blessantes, des plaisanteries plus que douteuses, des rumeurs, des sous-entendus. Les discriminations les plus graves sont inscrites dans les modes de pensée, voire les habitudes. Toutes ces discriminations ne font trop souvent l’objet d’aucune réaction de la part de l’entourage, ni des directions d’entreprise. Le risque de banalisation est alors bien réel.
Pourtant, l’alibi fondé sur la différence biologique et le refus de l’Autre n’a pas toujours existé. D’autres comportements sont donc possibles. Mais soyons lucides, l’indignation morale et la simple persuasion ne suffiront pas pour lutter efficacement contre le racisme. Il faut tenir compte de ses racines profondes : l’insécurité, la peur, l’intolérance, l’avidité économique.
Comme tout acquis culturel, l’antiracisme ne sera conquis qu’au terme d’une lutte longue et difficile.
Oui, combattre les discriminations est une bataille de longue haleine. Cela nécessite d’afficher un engagement sans ambiguïté, de faire de la pédagogie et non pas seulement d’émettre un jugement idéologique ou moral, d’agir avec tous les autres acteurs concernés, dans l’entreprise, le quartier, la profession, avec les employeurs et les pouvoirs publics. Il faut, à chaque fois, dénoncer ces discriminations qui sont à l’origine de l’exclusion, foulent le principe d’égalité et menacent gravement la cohésion de notre société. Chaque fois que nécessaire, l’action judiciaire doit être utilisée, mais pas seulement. Agir sur les causes des discriminations est au cœur de l’action syndicale dans l’entreprise. N’oublions pas que la première des discriminations, c’est la discrimination à l’emploi. C’est un enjeu majeur qui conditionne l’insertion de chacun dans la société et l’accès à la citoyenneté.
