Nos industries et nos lieux de travail sont en pleine transformation. La transition est en marche. La pandémie, la guerre en Ukraine, la crise des prix de l’énergie accélèrent le changement. Les travailleurs de l’industrie en Europe n’ont cessé de faire entendre leur voix, il est urgent que les responsables politiques nous entendent et nous répondent. C’est sur ce constat accablant que notre Fédération syndicale européenne, IndustriALL Europe, a décidé, avec le soutien de ses affiliés, dont la FCE-CFDT, de rédiger un manifeste pour une transition juste.

En effet, la FCE-CFDT reprend à son compte le message fort délivré par IndustriALL Europe : 
Notre avenir ne se décidera pas sans nous !
Alors, pourquoi un manifeste pour une transition juste ?

C’est le message qu’IndustriALL Europe et ses affiliés adressent aux décideurs politiques en Europe. A ceux qui conçoivent et mettent en œuvre des politiques climatiques de grande envergure qui transformeront profondément nos secteurs, nos entreprises et nos emplois industriels, ainsi que des régions entières.

Avec ce manifeste, nous appelons les décideurs politiques à garantir une transition juste. Une transition vers une économie écologique qui est équitable pour TOUS les travailleurs, une transition qui ne détruit pas, mais préserve et crée des emplois de qualité. Une transition qui est anticipée, gérée et négociée avec les travailleurs pour tous les aspects qui les concernent. Nous nous félicitons que la transition juste fasse désormais partie du vocabulaire des décideurs politiques européens et des chefs d’Etat et de gouvernement. Mais, il est temps d’aller au-delà de la simple rhétorique. Une transition juste signifie transformer l’économie d’une manière équitable et inclusive pour garantir le maintien et la création d’emplois de bonne qualité.

La participation des travailleurs et de leurs syndicats à l’anticipation et à la gestion sociale du changement industriel en est une condition non négociable. « Notre avenir ne se décidera pas sans nous ! »

Ce manifeste et les études qui l’accompagnent apportent aux décideurs politiques des éléments fondés provenant de toute l’Europe sur les conséquences de la transition écologique au niveau local, sur la manière dont les syndicats s’engagent dans l’anticipation et la gestion du changement, et sur les obstacles qu’ils rencontrent. Il contient des revendications détaillées en faveur d’un cadre global pour une transition juste, qui prévoit les ressources adéquates, repose sur une planification politique efficace, promeut et renforce les droits des travailleurs et implique les syndicats à travers un dialogue social intense. L’urgence de créer ce cadre est d’autant plus forte en raison du contexte d’instabilité dans lequel nous nous trouvons. L’Europe ne peut pas prendre le risque de creuser davantage les inégalités régionales et sociales.

Les faits étayent nos revendications et l’urgence d’agir. Les conditions de départ sont différentes dans chaque pays et chaque région, et personne n’a de modèle parfait. Nous devons apprendre des bonnes
pratiques et les mettre en œuvre.

Des systèmes de relations sociales efficaces et des Etats-providence forts créent la confiance dont les travailleurs ont besoin pour considérer la transition comme une opportunité.

L’affaiblissement du dialogue social menace directement la transition juste. Nous devons inverser cette tendance.

Des économies fortes, avec un niveau élevé d’investissements dans des technologies de pointe, aident les travailleurs et les syndicats à gérer la transition. La dépendance économique et les capitaux étrangers rendent incertaines les stratégies des entreprises et diminuent la capacité de mener à bien une transition juste. Cela concerne avant tout les syndicats d’Europe centrale et de l’Est.

Les mesures qui se profilent pour une transition juste sont aujourd’hui, d’après nous, trop limitées dans leur champ d’application, force de frappe financière et ambition pour relever les défis à venir.

Il faut agir maintenant !