La négociation sur un nouveau système de classification et de rémunération de branche dans les IEG est un véritable « serpent de mer » : régulièrement annoncée par les employeurs, elle n’a pour le moment jamais abouti, alors que nous étions proches d’un accord il y a quelques années …mais les temps ont changé !
Classification et rémunération aux IEG, comment ça fonctionne ?
La branche des IEG bénéficie d’un système de classification /
rémunération particulier, matérialisé, pour la classification, par des Groupes Fonctionnels (les GF), et pour la rémunération, par une grille de Niveaux de Rémunération (les NR). Chaque année, l’évolution de cette grille fait l’objet d’une négociation au niveau de la branche, le « Salaire National de Base » (SNB), correspondant au coefficient 100. La grille de rémunération est strictement proportionnelle, c’est-à-dire par exemple qu’un salarié au coefficient 452 (NR 185) touche deux fois plus qu’un salarié au coefficient 226 (NR 30) à même ancienneté1. De même l’ancienneté est également proportionnelle et permet d’augmenter la rémunération d’un salarié de 22% tout au long de sa carrière (à l’origine, c’était 30%). Enfin, les augmentations individuelles sont elles aussi exprimées en pourcentage, un NR correspondant en environ 2,3% d’augmentation2. Ce système est issu du Statut National du Personnel et a été rénové en 1982 par un accord signé entre les entreprises « historiques » EDF et Gaz de France et toutes les fédérations syndicales représentatives. Depuis la création de la Branche professionnelle, un accord que la CFDT n’a pas signé, est venu en 2006, diviser par deux le « pas » de NR – initialement à 4,6% -les employeurs promettant d’en distribuer deux fois plus…. Et en 2008 un nouvel accord, signé par la CFDT, a permis d’élargir la grille de 2 NR et de créer deux échelons d’ancienneté supplémentaires pour tenir compte de l’allongement des
carrières.
Pour les salariés des IEG, les GF, les NR et l’ancienneté font partie du langage commun et du patrimoine collectif.
Pourquoi les employeurs veulent négocier ?
Les employeurs de la branche jugent le système actuel trop rigide et plus adapté au contexte actuel : selon eux, il entrave la possibilité des entreprises de mettre en œuvre leurs propres politiques de rémunération : certaines pourraient par exemple proposer des augmentations générales d’entreprises plus favorables que celle de la branche compte tenu de leur
situation économique.
De plus, dans un contexte durable de faible inflation, ils considèrent que le poids des augmentations « générales » (SNB et ancienneté) est trop important et que le « pas» du NR est trop élevé : ils souhaiteraient diminuer pour pouvoir reconnaitre chaque salarié plus souvent et distinguer davantage les plus méritants, en attribuant des doubles ou triples NR, ce qui ne se fait pratiquement plus. Tenant compte de l’attachement des salariés au système, ils ne remettraient pas en cause le caractère proportionnel de la grille, ni l’ancienneté… dans un premier temps.
Comment la CFDT aborde cette négociation ?
Avec beaucoup de prudence !
Alors que les employeurs voulaient « cranter » des évolutions dès janvier 2021, la CFDT a revendiqué de différer le dossier compte tenu de la crise actuelle qui donne priorité à l’emploi et elle a été entendue. De leur côté, les négociateurs / employeurs consultent actuellement l’ensemble des fédérations syndicales et les chambres patronales pour vérifier les conditions de poursuite de cette négociation.
Il s’agit d’un sujet complexe dont seulement une partie a pu être exposée ici. Il faudra de nouveaux débats en CNB pour définir une véritable position de négociation… ou pas ! En attendant, la CFDT ne pratiquera pas la politique de la « chaise vide » et maintient sa présence dans les instances de négociations.
Nous sommes au milieu du gué !