Le Multilatéralisme se définit comme un mode d’organisation des relations inter-étatiques dont la finalité est d’instaurer des règles communes par la
coopération entre plusieurs Etats, à l’inverse de l’unilatéralisme dont le principe est d’agir sans concertation pour défendre ses propres intérêts. Si les premières organisations internationales apparaissent avec le développement des techniques, de la communication et des échanges commerciaux, le multilatéralisme se matérialise à la fin de la première guerre mondiale au travers du traité de Versailles de 1919 avec la création de l’Organisation Internationale du Travail et la société des nations dont les ambitions étaient l’interdiction de la guerre, la justice, le respect du droit international.
Malgré l’échec de la société des nations marqué par son incapacité à prévenir de nouveaux conflits, l’essor du multilatéralisme se poursuit à la sortie de la seconde guerre mondiale avec la création de l’ONU et des institutions spécialisées comme l’OMS, le FMI et la signature de l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) qui aboutira 40 ans plus tard à la création de l’OMC.
Soixante-dix ans après la création de l’ONU, le multilatéralisme politique et économique semble s’essouffler avec l’affrontement des Etats-Unis avec la Chine et la Russie sur fond de tensions commerciales et la volonté de plus en forte de ces grandes puissances d’approfondir les échanges commerciaux en contournant l’OMC par des accords régionaux.
Si cette pandémie a souligné les faiblesses et les limites actuelles du multilatéralisme avec le retard de l’OMS pour déclarer le foyer épidémique, la difficulté pour le conseil de sécurité de l’ONU à se réunir et l’incapacité de l’Europe à apporter des réponses coordonnées pour endiguer la propagation du virus, elle n’en marque pas la fin. Au contraire elle nous montre la nécessité de le réinventer, de le réformer face à un monde globalisé et interdépendant avec des chaînes d’approvisionnement mondialisées et de plus en plus complexes.
Pour la FCE-CFDT, la sortie de cette crise sanitaire doit être l’occasion pour l’Europe de redonner du sens au multilatéralisme hérité de l’après-guerre. Pour faire face et apporter des réponses collectives aux enjeux sanitaires, environnementaux et sociaux de demain, l’approche multilatérale au travers d’institutions transparentes et légitimes reste le moyen pour réduire les inégalités, assurer la santé et l’éducation pour tous, protéger l’environnement et assurer la paix. Le multilatéralisme n’est pas une menace à la souveraineté ou aux intérêts nationaux des États, il est le rempart aux populismes et aux nationalismes.