En peu de temps, le virus de l’immunodéficience humaine, ou VIH, qui provoque le sida est devenu l’un des plus graves problèmes auxquels se heurte le monde du travail. Le Bureau international du Travail (BIT) estime en effet que deux personnes sur trois vivant avec le VIH/sida, se rendent chaque jour à leur travail. Le lieu de travail constitue donc un lieu d’intervention crucial dans la lutte contre cette épidémie.
Les travailleurs atteints de cette maladie perdent à la fois leur santé, leurs revenus, et leurs droits. Outre les ravages que la maladie cause parmi les victimes et leurs familles, l’épidémie a aussi de multiples répercussions dans le monde du travail. En frappant de plein fouet les travailleurs, elle frappe aussi les entreprises où ils travaillent. Entreprises et organisations syndicales comprennent aujourd’hui qu’il est dans leur intérêt commun d’agir contre le sida.
Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à s’engager dans la lutte contre le sida dans les pays en voie de développement par le biais de leurs filiales. Parmi ces entreprises, certaines relèvent du champ fédéral de la FCE-CFDT. Il n’est qu’à citer pour exemples Air Liquide, BioMérieux, L’Oréal, Sanofi Aventis, et Total. Les initiatives qu’elles portent alors s’orientent vers le conseil, la formation, la mise en place ou le renforcement de programmes locaux d’aide aux salariés, à leurs familles et aux communautés environnantes. Le soutien et l’aide au groupement de petites entreprises locales permet aussi parfois la mutualisation des moyens humains et financiers.
Du côté des organisations syndicales, c’est le 12 mai 2003, et pour la première fois dans l’histoire des relations sociales au niveau mondial, que la Confédération internationale des Syndicats libres (CISL) et l’Organisation internationale des Employeurs (OIE) s’engageaient en priorité à lutter contre le sida. Cette lutte prenait appui sur le Code pratique de l’Organisation internationale du Travail (OIT) relatif au sida au sein du monde du travail, qui prône une approche globale allant de l’éducation à l’assistance en passant par le droit des travailleurs.
Plus proche de nous, en 2006, la Fédération internationale des Travailleurs des Mines, de l’Energie, de la Chimie, et des Industries diverses (Icem) éditait, dans le cadre des actions qu’elle mène dans différents pays, un guide de formation et de négociation collective, ainsi qu’un guide sur les moyens et les financements pour lutter efficacement contre le sida. Et en novembre dernier, l’Icem, lors de son 4e Congrès, adoptait à Bangkok une déclaration « Arrêter le sida… gardons espoir ».
Tant sur le plan international qu’à l’échelon national, les organisations syndicales peuvent et doivent mobiliser les partenaires sociaux et les travailleurs afin de créer un vaste réseau de lutte contre le sida. Elles peuvent et doivent influer auprès des gouvernements pour qu’ils reconnaissent que le sida constitue un enjeu pour le monde du travail et le développement national. Elles peuvent et doivent agir sur la réduction du prix des médicaments anti-sida. Elles peuvent et doivent négocier avec les employeurs des accords ou des politiques d’entreprise dans ce domaine, et veiller à leur application. Elles peuvent et doivent intégrer les populations locales aux programmes mis en place sur les lieux de travail.
La FCE-CFDT est convaincue de l’importance de la solidarité internationale pour lutter efficacement contre le sida. La solution à cette pandémie ne peut être que globale. Elle doit être le fruit d’un partenariat entre la société civile, les dirigeants politiques, les entreprises et les syndicats.