Lors du CCEM de novembre, Monsieur Josef Mogenroth du syndicat IGBCE, salarié à Bamberg, a fait une déclaration concernant le désaccord juridique portant sur le pacte d’avenir Allemagne et la pérennité des sites.
Chers et chères collègues du CEEM,
Monsieur Rémi de Verdilhac,
Depuis 2004, nous avons conclu plusieurs pactes sur la pérennité des sites sous forme, notamment, de conventions collectives applicables aux sites de Michelin en Allemagne.
Chacune des parties de ces contrats les a toujours respectés.
Laissez-moi vous expliquer comment sont nés le pacte sur la pérennité des sites 2020 et la convention Compétitivité Industrielle (ACI).
Le1er août 2015, nous avons conclu un pacte d’avenir sur la pérennité des sites applicable à tous les sites de Michelin en Allemagne. Ce pacte a pris la forme d’une convention collective et devait arriver à échéance le 31/12/2020.
Il s’applique désormais uniquement à nos sites de distribution et à notre siège en Allemagne.
Les sites industriels sont, quant à eux, soumis depuis le 1er février 2018 à la convention Allemagne Compétitivité Industrielle (ACI).
Comment est née la convention collective ACI ?
La direction allemande nous a demandé, à l’été 2017, de modifier le pacte d’avenir 2020 ou de mettre au point une nouvelle convention relative aux sites.
À l’automne suivant, il nous a été redemandé avec insistance d’engager des négociations avec la direction de l’entreprise.
On nous a clairement expliqué que nous devions élaborer et conclure une nouvelle convention le plus rapidement possible, sans quoi nous ne serions plus compétitifs en Europe du fait de nos coûts façon.
Cette demande nous a été faite alors même que le pacte sur la pérennité des sites était valable jusqu’au 31/12/2020.
L’entreprise nous a demandé de réduire les coûts de fabrication de 15 % d’ici 2020 !
Or, ce ne sera possible que si nous :
· réduisons une nouvelle fois les frais de personnel,
· et augmentons à nouveau notre productivité.
Après d’intenses négociations avec notre direction, nous avons convenu le 1er février 2018 d’un ensemble de mesures prévoyant notamment une réduction des frais de personnel de 25 millions d’euros chaque année.
Les responsables compétents du siège à Clermont ont fini par accepter cette convention ACI.
La convention collective ACI a été conclue par l’organisation patronale BAVC et le syndicat IGBCE allemands (les parties à la convention collective).
Pourquoi cela était-il nécessaire ?
Cela était nécessaire car il y a également eu des coupes dans les conventions collectives sectorielles.
Cette convention collective a imposé aux salariés des sites industriels allemands de nouvelles réductions de salaire.
Le temps de travail a également été réduit avec un ajustement des salaires.
Il a, en outre, été convenu d’une flexibilisation du temps de travail autorisant l’entreprise à faire travailler ses salariés entre 35 et 40 heures par semaine.
Et bien d’autres mesures ont été prises.
Ensuite, l’entreprise et le groupe se sont engagés à assurer au moins jusqu’au 31/12/2022 la pérennité de tous les sites industriels de Michelin en Allemagne.
Tous les salariés se sont fiés à cet engagement quant au maintien de leur emploi jusqu’à fin 2022.
Nos collègues se sont organisés en conséquence avec leurs familles.
Depuis le 25 septembre de cette année, tout a changé !
Je ne reconnais plus, notre Michelin, notre groupe ….
Le groupe a pris la décision catégorique de fermer notre site. Voilà ce qu’il en est aujourd’hui !
De l’avis des salariés, il ne reste plus grand-chose des valeurs telles que :
– le respect de l’humain
– le respect des faits (convention collective ACI).
Je suis également membre du CEEM depuis de nombreuses années.
Le groupe n’a eu de cesse de répéter que le partenariat social, tel qu’il est pratiqué en Allemagne, est une référence pour tous les autres pays d’Europe et leurs représentations du personnel.
Ce partenariat social permet aux parties prenantes de discuter et de négocier sur un pied d’égalité. Ses résultats font figure d’exemples.
Ce n’est pas nous qui l’avons dit, mais la direction de l’entreprise et du groupe, et ce, à plusieurs reprises !
Et maintenant ? Nous nous demandons désormais :
· Où est passé le partenariat social tant apprécié ?
· Qu’en est-il advenu ?
· A-t-on tout oublié ?
Il semble bien !
Sans nous parler au préalable de notre convention collective ACI («Allemagne Compétitivité Industrielle », pacte de pérennité des sites industriels de Michelin en Allemagne), le siège du Groupe a pris unilatéralement la décision de fermer complètement notre site au 31/01/2021.
Notre convention collective ne devant arriver à échéance qu’au 31/12/2022, cette fermeture interviendra au moins 23 mois avant la date prévue à la convention.
À partir du 1er avril 2020 seront déjà licenciés nos premiers collègues de Michelin.
C’est 33 mois avant la date prévue à la convention collective.
Ce processus doit prendre fin le 31/01/2021, date à laquelle les derniers salariés de Michelin perdront leur emploi. 23 mois avant la date convenue !
Si l’entreprise reste sur ses positions, elle dérogera à la convention collective.
Autrement dit, il y aura une rupture claire de la convention.
Ce n’est pas comme cela que fonctionne le partenariat social !
Et que ce soit clair :
Si nous devions poursuivre les discussions et les négociations, ce ne pourrait se faire que sur un pied d’égalité.