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Michelin et Trelleborg à Clermont Ferrand, La CFDT poursuit sa reconquête en Auvergne

Après la percée spectaculaire chez SODG et Goodyear en 2007, les sections CFDT de Michelin et de Trelleborg viennent de s’illustrer lors de leurs élections professionnelles, fin 2008.

Après la percée spectaculaire chez SODG et Goodyear en 2007, les sections CFDT de Michelin et de Trelleborg viennent de s’illustrer lors de leurs élections professionnelles, fin 2008. En devenant chacune première organisation syndicale. Interview croisée des deux équipes, de leur savoir-faire syndical et électoral.

Quelles sont les raisons de fond qui expliquent selon vous votre progression spectaculaire aux dernières élections professionnelles ?

Section Michelin (S.M.) : nous avons réussi à associer la réforme du Comité d’entreprise (CE) à l’action de la FCE-CFDT grâce à une information régulière (ndlr la CFDT s’est associée à la CFE-CGC pour gérer le CE en 2005). Et cette réforme est réussie car nous sommes passés, en 3 ans, de 27 % à 62 % de salariés bénéficiant des services du CE ! Mais il ne faut pas minimiser le rôle des délégués du personnel (DP) même si leur action est moins visible. Les résultats des élections DP proches de ceux du CE le prouvent. La défense de l’accord sur les 35 heures nous a, par exemple, fortement crédibilisés. Les salariés ont vu, les années passant, que l’entreprise n’avait pas abusé du volet flexibilité et ils apprécient leurs RTT. Longtemps décriées, nos positions sur les 35 heures sont maintenant reconnues.

Section Trelleborg (S.T.) : on a trouvé de jeunes militants qui ont su faire un vrai travail de terrain. Ils prennent en charge un problème – le changement des distributeurs d’eau ou une question CHSCT -, et le mènent au bout avec les salariés concernés et les chefs d’atelier. La réforme des classifications, demandée par la CFDT en 2004, a aussi été porteuse. Nous avons eu plus de remontées positives que négatives sur un dossier pourtant sensible. Tous les postes ont été revus et 30 % réévalués, même chez les employés, techniciens et agents de maîtrise (Etam). Beaucoup ont changé de coefficient, jusqu’à trois supplémentaires, grâce à la reconnaissance des compétences associées comme la polyvalence, la qualité de formateur ou d’expertise et la reconnaissance managériale temporaire ou permanente.

Comment s’est déroulée votre campagne électorale ? S.M. : les différents reports de dates des élections nous ont permis de faire une campagne mieux structurée, en entonnoir. Nous sommes partis d’informations générales sur le groupe pour aborder ensuite la présentation des candidats, les valeurs CFDT, nos revendications et les bilans des actions menées en CE et DP. Le TEQ CE (ndlr 500 questionnaires analysés début 2007) nous a servi à préparer le programme et à mieux comprendre ce qui détermine le vote des salariés. Au total, cinq tracts ont été distribués sur l’ensemble des quatre sites, devant les quelque vingt portes pour couvrir l’ensemble des équipes et des horaires.

S.T. : On a axé notre campagne plus sur le bilan de nos actions que sur des promesses. Par exemple l’accord RTT – vingt jours signés par la seule FCE-CFDT -, la réforme des classifications, la mutuelle, la prévoyance maladie invalidité ou le poste d’assistante sociale que nous avons sauvé. Les informations spécifiques sur chaque atelier ou service et l’affichage du trombinoscope de tous nos candidats ont également été très bien perçus.

Quelle est votre analyse face à la crise profonde qui s’annonce ? S.M. : la crise automobile n’épargne pas Michelin. L’arrêt de production depuis le 15 décembre est une première dans l’histoire de la manufacture ! La direction parle de chômage partiel dès février. Des sites en France sont menacés. Pour nous, la crise risque de servir de prétexte au groupe pour ne pas respecter l’engagement de ne pas fermer de sites. La FCE-CFDT demande un maximum d’anticipation, pour trouver toutes les solutions qui permettront aux salariés de garder leur emploi. Par ailleurs, nous voulons que tout soit fait pour maintenir les rémunérations. Dans une année de crise, les actionnaires doivent pouvoir revoir à la baisse leurs prétentions pour combler les pertes de salaires.

S.T. : on est moins touché car on ne dépend pas directement de l’automobile. L’off-shore, qui nous apporte des contrats de longue durée, nous protège un peu. Mais dans certains secteurs, les commandes ont chuté de 30 % en octobre. Tous les investissements sont gelés et la direction évoque du chômage partiel pour février. D’ici janvier sept jours de RTT seront utilisés pour répondre à la baisse d’activité. Nous ne sommes pas dupes de la volonté patronale d’exploiter la situation et craignons les répercussions de la crise sur les négociations salariales de janvier 2009.

Les élections passées, quelles sont maintenant vos priorités pour 2009 ? S.M. : le vote des salariés donne beaucoup de poids à la CFDT sur la négociation. Avec plus de 30 % des voix, nous pourrons signer, seuls, un accord. Pour faire face à cette responsabilité, notre priorité est de renforcer les bases de notre syndicalisme d’adhérents. Depuis 2000, 80 % de nos adhérents et militants ont été renouvelés du fait notamment des départs à la retraite. Nous voulons donc investir sur la formation des nouveaux adhérents, des élus et mandatés.

Nous souhaitons ensuite mieux structurer notre collectif, en créant des équipes spécialisées pour travailler les différents dossiers – CE, DP, CHSCT, juridique, négociation et développement -, et alimenter le travail de terrain fait par tous.

Enfin, l’analyse des résultats nous engage à travailler plus spécifiquement sur les collaborateurs, les cadres et sur les secteurs où nous sommes les moins représentés.

S.T : on doit apprendre à gérer le CE (ndlr la section CFDT vient de s’associer avec la CFE CGC pour le CE), et préparer les réformes pour la rentrée de septembre. On ne manque pas d’idées pour augmenter le nombre de bénéficiaires, via notamment les chèques cadeaux, chèques loisirs, la billetterie ou l’utilisation de l’ARIS, groupement local de comités d’entreprise. Autre priorité, le développement de la section pour assurer son avenir. Plusieurs militants expérimentés partent d’ici trois ans et nous devons penser à leur succession, former et accompagner les nouveaux militants.

Quels conseils donneriez-vous à une section CFDT pour progresser lors de leurs élections professionnelles ? S.M. : tout d’abord, être humble et ne pas arriver en terrain conquis. La crédibilité de l’équipe se construit dans la durée. Pour nous, la campagne des élections démarre le lendemain du vote précédent.

Et puis garder courage car la reconnaissance sur les actions menées est rarement immédiate. Il faut laisser le temps aux salariés de mesurer la portée de nos actions. Sur les 35 heures, cela a pris huit ans dans certains services de production les plus touchés !

Enfin, être attentifs à l’ambiance au sein de l’équipe syndicale. Pouvoir se prendre la tête sur des idées tout en préservant les personnes. Et construire ensemble.

S. T. : quitte à se répéter, nous croyons que tout passe par le terrain. Pas de grands discours, mais écouter, être réactifs, se faire connaître par la présence, l’image et les écrits. Et puis veiller à l’état d’esprit du collectif. Etre proches les uns des autres, se coordonner même s’il est difficile de se réunir souvent.

Michelin

Résultats des élections professionnelles du 13 novembre 2008 Michelin Clermont-Ferrand

11 000 salariés répartis sur 4 sites

Taux de participation : plus de 64 %.

6 organisations syndicales :
CFDT, CGT, SUD, CFTC, FO, CFE-CGC.
La CFDT est la seule à progresser significativement en voix malgré une baisse de plus de 2 000 salariés votants.

Elections au Comité d’Etablissement
La CFDT obtient 33,7 % des voix, (+ 10 points par rapport à 2005) :

– 28,7 % sur le collège A (+ 7 points).
– 51,5 % sur le collège B (+ 14 points).
– 17,7 % sur le collège C (pas de candidat en 2005).

Election des Délégués du Personnel
La CFDT recueille plus de 31 % des voix et passe de 25 à 34 élus DP titulaires.

TRELLEBORG

Résultat des élections professionnelles du 27 novembre 2008 Trelleborg Clermont-Ferrand, Tuyaux industriels techniques,

640 salariés

Taux de participation : 83 %.

4 organisations syndicales : CFDT, CGT, FO, CFE-CGC. La CFDT est la seule à progresser significativement en voix.

Elections au Comité d’Etablissement
La CFDT obtient 33,7 % des voix, (+ 10 points par rapport à 2005) :
– 38,8 % sur le 1er collège A (+ 8 points).
– 64,86 % sur le 2e collège B (+ 34 points).
– Pas de candidat dans le 3e collège.

Election des Délégués du Personnel
La CFDT recueille plus de 39 % des voix et obtient 4 élus DP titulaires sur 8.

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