Depuis quelques mois, les plans de départs volontaires se développent dans les entreprises. Sont particulièrement concernés les grands groupes qui, malgré leurs profits, réduisent leurs effectifs sans passer par les obligations d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Ces propositions de départs volontaires ne visent plus seulement les mises en préretraites anticipées financées par l’entreprise, mais peuvent toucher l’ensemble des salariés. En utilisant « la valise à billets », les patrons tentent de séduire leurs salariés.
Grâce à ces indemnités de départ, les salariés qui ont un autre projet professionnel ou qui désirent changer d’activités peuvent franchir le pas. Ainsi, le volontariat des uns peut éviter à d’autres d’être licenciés. Pour l’entreprise, il s’agit de réduire les effectifs avec moins de tensions sociales, moins de médiatisation, et avec un cadre juridique actuellement plus souple.
Mais les premières expériences tirées de la mise en œuvre de ces plans de départs volontaires démontrent aussi tous leurs dangers. Bon nombre de salariés, notamment les moins qualifiés, attirés par le montant du chèque se retrouvent sans solution plusieurs mois plus tard. Les employeurs utilisent souvent ces plans pour accorder moins de droits que dans un PSE classique. Par exemple, les reclassements ne sont plus prioritaires, la mobilité interne est abandonnée, la gestion prévisionnelle des emplois et compétences (GPEC) compromise. Cela conduit à des dysfonctionnements de l’entreprise, une désorganisation du travail, une surcharge de travail pour les salariés restants, des pertes de compétences non maîtrisées.
Connaître la stratégie industrielle de l’entreprise, négocier en amont la GPEC, définir la formation des salariés restants, favoriser les reclassements internes, voire externes, sont autant d’actions syndicales à mener. Nos pratiques syndicales face aux plans de départs volontaires doivent être les mêmes que face à un PSE. Ainsi, le recours à un plan de départ volontaire doit être justifié et prévoir des garde-fous. La pression exercée sur les salariés pour les forcer à partir doit être dénoncée, combattue et condamnée, y compris juridiquement. Les salariés intéressés par un départ volontaire doivent être prévenus des risques et encadrés dans leur projet.
Maîtriser toutes les incidences du volontariat est donc une nécessité dans notre soutien aux salariés face à cette stratégie patronale.