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Lutte contre les violences sexistes en entreprise Ne pas céder… ne rien concéder !!

Sébastien Michel, coordonnateur CFDT pour le Groupe ENGIE, nous livre un récit poignant et révoltant de plusieurs mois de combat et de l’omerta autour d’un dossier aussi sensible que dérangeant pour l’entreprise.

MAG FCE : Bonjour Sébastien, tu as souhaité évoquer pour le MAG FCE cette terrible affaire de sexisme aggravé que vous avez gérée avec l’équipe CFDT d’ENGIE ?
SEBASTIEN MICHEL : Oui, bien au-delà du « sexisme ordinaire » que les militant(e)s CFDT combattent au quotidien dans les entreprises, et que l’on peut rencontrer dans de trop nombreuses organisations de travail. Notre équipe a été confrontée à des actes de sexisme aggravé impliquant trois filiales du Groupe, deux, rattachées à la Fédération Nationale Construction Bois (FNCB), et une à la Fédération Générale des Mines et de la Métallurgie (FGMM). Les faits qui ont depuis peu été portés en correctionnelle, se sont déroulés en 2015 : vous imaginez la pugnacité que les militants CFDT ont dû déployer…

MAG FCE : Quel a été le rôle de la CFDT dans la gestion de ce dossier ?
SEBASTIEN : Ces femmes qualifiées de « traîtres à la cause » et de « pleureuses » ont subi d’énormes pressions avant de m’interpeller en tant que coordonnateur CFDT, et donc de pouvoir saisir la direction générale et la direction des ressources humaines.
Fort heureusement, des sanctions appropriées ont été souvent prises, et la reconstruction des collectifs de travail est en cours, avec la CFDT comme seule organisation syndicale pour les accompagner.

MAG FCE : Des faits que tu qualifiais d’impensables dans une entreprise de cette envergure ?
SEBASTIEN : Oui, effectivement. Un dispositif de voyeurisme avait été installé dans les sanitaires et les douches des femmes, et l’auteur a pu œuvrer pendant 3 ans avant qu’une enquête judiciaire n’ait pu mener à son arrestation et à un procès. La direction de la filiale concernée, malgré plusieurs signalements de la CFDT locale et une plainte de près d’une quinzaine de salariées, a été fébrile dans le traitement de l’affaire. Certains managers ont encore une fois renvoyé la faute sur les militant(e)s et victimes, minimisant les faits et incitant à étouffer l’affaire. Une militante CFDT, elle-même victime, une de ses collègues et moi-même avons été longuement reçus par la présidente d’ENGIE, Isabelle Kocher, pour échanger sur le ressenti des victimes.

MAG FCE : ENGIE a donc réagi ?
SEBASTIEN : La réaction nous semble très minimaliste, car les sanctions de l’employeur ne concerneront que les faits à l’encontre des victimes, survenant après le 1er janvier 2019. Il subsiste donc une « carence » sur la période 2015/2018. Nous avions prévenu, depuis le début de la saisine, la direction générale d’ENGIE, que la CFDT ne laisserait pas les auteurs de ces pressions s’en sortir impunément.

MAG FCE : Quelle sera donc votre prochaine étape ?
SEBASTIEN : Le syndicat CFDT local envisage une action de groupe au nom des victimes à l’encontre des quelques managers ayant étouffé l’affaire et tenu des propos très blessants à l’encontre des victimes : « Tu t’es regardée ? Qui voudrait te mater le c.. sous la douche ? »

MAG FCE : Peut-on parler de « culture d’entreprise » ?
SEBASTIEN : Pas du tout. ENGIE, avec près de 75 000 salariés en France et 160 000 dans le monde, offre évidemment un panel très représentatif de notre société et de ses travers. Un très gros travail de prévention est maintenant en cours de déploiement en complément de ce qui se pratiquait avant, et qui était manifestement inefficace. La CFDT porte avec courage la lutte contre ces agissements d’un autre âge, notamment nos représentants locaux et surtout nos représentantes locales et les salarié(e)s qui osent dire STOP ! Sans parler de la très grande dignité et résilience des victimes. La direction générale d’ENGIE a entendu en grande partie notre appel… nous apprenons en marchant.

MAG FCE : Plusieurs fédérations CFDT sont représentées dans le Groupe ?
SEBASTIEN : ENGIE est couvert par 7 fédérations CFDT, dont la FCE. La coordination est composée de militants de la plupart d’entre elles, et nous avons des liens forts avec les syndicats concernés. L’action CFDT ne connaît pas les frontières de nos instances et, c’est une excellente chose, elle fait notre force à ENGIE. Sur ces thématiques de violences sexistes, il ne faut pas céder, et ne rien concéder ! 

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