La directive européenne « relative à l’efficacité énergétique » du 5 avril 2006 impose aux Etats membres la pose chez les particuliers de compteurs électriques « communicants » d’ici 2020. Explications.
Suite à cette décision, le gouvernement français a acté par décret en date du 31 août 2010, un déploiement national du 1er janvier 2012 jusqu’au 31 décembre 2016 de ces nouveaux compteurs dits « communicants » et appelés « Linky ». Et ce, après le retour sur expérience (REX) de la phase d’expérimentation. Une phase actuellement en cours en Touraine et dans le Lyonnais. L’objectif annoncé est d’installer 300 000 de ces compteurs électriques dans ces deux régions avant de commencer, dès 2012, le remplacement des 35 millions de compteurs traditionnels installés chez les particuliers.
La prochaine mise en place donne lieu à des polémiques largement relayés par les associations de consommateurs. Ces polémiques concernent principalement la question du coût réel du compteur et de sa prise en charge financière. La seule réponse connue sur le financement est que cela pourrait se traduire par des effets sur le tarif d’utilisation du réseau public d’électricité (TURPE) et, au bout de la chaine, sur la facture du client final, le particulier. Pour information, cette partie représente 40 % de la facture clientèle et 90 % des revenus du distributeur (Electricité réseau distribution France : ErDF dans ce cas précis).
Face à ces voix discordantes, l’opérateur ErDF, en charge du déploiement de ce projet, déclare que toute cette agitation médiatique ne véhicule que des idées fausses et qu’au contraire ce nouveau compteur a beaucoup d’atouts. Il permettrait, selon ErDF, d’avoir une facture basée sur la consommation réelle et non sur une estimation, d’éviter des contraintes de présence du client en cas de problème et enfin d’avoir une chaine d’intervention chez le client considérablement raccourcie (jusqu’à 24 heures au lieu de 5 jours).
Pour tenter de calmer les esprits, le gouvernement a jugé nécessaire de prolonger la phase d’expérimentation jusqu’à fin mars 2011. Il a mis en place un comité de suivi de l’expérimentation qui rendra ses conclusions fin juin 2011. Ces conclusions définiront les conditions de généralisation du compteur.
La FCE-CFDT a rappelé que l’installation généralisée de ces nouveaux compteurs émane d’une obligation législative décidée à l’échelle européenne. Elle se fonde sur un postulat qui ne peut être contestable, à savoir la nécessité d’aller vers des économies d’énergie. Au final, le client devrait réaliser des économies, le fournisseur et le producteur aussi alors que la qualité de service du distributeur serait améliorée…
Quelques constats peuvent étayer la pertinence de cette évolution technologique. L’électricité ne se stocke pas et il faut répondre à la demande des clients à chaque instant avec les contraintes que cela peut engendrer. La consommation d’électricité devient plus sensible avec l’augmentation des chauffages électriques dans les logements neufs. Il y a également la progression de la population notamment celle du nombre de ménages et de familles monoparentales. La courbe de consommation électrique présente des pointes dans la journée qui varie selon les saisons. Ce sont ces pointes qui occasionnent un surcoût pour le client et pour le producteur. L’idéal recherché serait d’aller vers une courbe stable sans pointe. C’est pourquoi le compteur Linky avec son réseau intelligent associé (Smart Grid) peut être une réponse à cette problématique.
Malheureusement, une nouvelle technologie peut aussi avoir un prix social. Dans ce cas précis, il va y avoir la suppression de quelques prestations physiques qui vont de diverses interventions techniques au simple relevé de compteur puisqu’à terme ces prestations pourraient se faire à distance.
La question de l’emploi à ErDF et chez ses sous-traitants est donc posée. En effet, il est envisagé la suppression de 5000 à 7000 emplois sur 5 ans. Sans oublier que le métier des agents va être impacté par davantage de technicité avec les nouvelles technologies mises en œuvre.
Face à ces suppressions d’emplois d’ampleur annoncées, le dialogue social doit donc prendre tout son sens et, à l’image du compteur « intelligent », il sera nécessaire de mener une véritable et « intelligente » gestion prévisionnelle des métiers et des compétences pour trouver les meilleures solutions face à cette casse à l’emploi. C’est l’objectif de la FCE-CFDT.