Pour la FCE-CFDT qui organise et fédère l’activité et l’action syndicale auprès des entreprises non nationalisées (ENN) de la branche des industries électrique et gazière (IEG), jamais les salariés de ces entreprises n’auront été aussi inquiets depuis que l’ouverture des marchés, et donc la concurrence, font rage dans l’hexagone. Même si paradoxalement, ce n’est pas la concurrence qui les inquiète, mais bien le manque de perspectives d’avenir et de dialogue social que leur offrent les directions de leurs entreprises, qu’elles soient industrielles ou de collectivités locales. Et les exemples qui illustrent cela, sont bien réels.
Alors que la Société Nationale d’Electricité et de Thermique (Snet) doit impérativement démontrer chaque jour sa compétitivité, et donc mobiliser ses salariés en les faisant adhérer aux exigences du marché de la production électrique, l’Europe laisse opérer avec la complicité du gouvernement espagnol, une OPA hostile sur l’électricien espagnol Endesa, actionnaire majoritaire de la Snet. Si le gazier espagnol Gas Natural, à l’origine de cette OPA, la réussit, les salariés de la Snet auront raison d’être attentifs à la poursuite de leurs activités de production par le groupe, notamment en termes de projet de développement industriel. En effet, Endesa a décidé d’engager à travers la Snet des investissements lourds en moyens de production en cycle combiné gaz. Pour cela, elle doit motiver le personnel par un projet social mobilisateur. Qu’en sera-t-il, ou que restera-t-il du projet industriel de la Snet dans le cas, plus que probable, de la réussite de l’OPA de Gas Natural ?
Ce n’est pas la concurrence qui les inquiète, mais bien le manque de perspectives d’avenir et de dialogue social que leur offrent les directions de leurs entreprises.
Au delà de cette OPA hostile, la FCE-CFDT souhaite interpeller la direction de la Snet qui hélas, préfère adapter le dialogue social au coup par coup en fonction des conflits corporatistes qui émergent, plutôt que de gérer les tensions qui pèsent sur les effectifs et le renouvellement des compétences par des actions de formation nécessaires à la compétitivité de l’entreprise.
Concernant d’autres ENN, il n’est pas rare que les collectivités locales fassent le choix délibéré de céder des actifs pour financer tel ou tel autre engagement financier. C’est le cas notamment de Gaz de Strasbourg, mais aussi du Syndicat Intercommunal d’Electricité des Deux Sèvres (Sieds). Ces deux exemples soulignent à quel point la stratégie de certaines collectivités locales est à court terme. Ces tentatives de céder des parts d’actionnariat ou de transférer des portefeuilles clientèle à des groupes financiers ou des industriels privés, souvent en l’absence totale de transparence, n’est évidemment pas de nature à rassurer les salariés de ces entreprises.
Pour la FCE-CFDT, les ENN doivent d’ores et déjà se donner les moyens de se diversifier pour entrer dans le marché concurrentiel. Les entreprises qui gèrent les réseaux de distribution, doivent continuer d’assurer leurs missions de desserte d’énergie et de garantir leurs missions de service public. Elles doivent poursuivre, avec leurs clients éligibles ou demain particuliers, des rapports basés sur une garantie de services nouveaux et de prix les plus bas. C’est dans cet objectif que la FCE-CFDT revendique un contrat de service public entre l’Etat, ou les collectivités territoriales, et chacune des entreprises. Si les collectivités locales exercent une stratégie financière de court terme, et en aucun cas ne s’inquiètent du devenir des coûts de l’énergie et de l’avenir des salariés qui les composent, ce seront au final les clients de ces ENN qui paieront la note de ces stratégies hasardeuses.
Et la FCE-CFDT craint qu’ils ne la paient au prix fort ! Car le marché des particuliers n’est pas encore ouvert. Il le sera peut-être en 2007, si le bilan proposé par le gouvernement démontre la nécessité de transposer l’ouverture totale aux particuliers. Mais d’ici là, les ENN doivent se poser en véritables concurrents dans un marché de l’énergie déjà suffisamment ouvert, en faisant de leurs salariés de véritables collaborateurs prêts à s’investir dans le périmètre qui est le leur, ou même en l’élargissant
à la production. Mais, et c’est aussi une condition indispensable, ces salariés devront être préparés à ces évolutions. En cela, la branche professionnelle des IEG doit leur apporter formation, rémunération et garanties sociales pour que leurs missions s’exercent dans la plus grande sérénité. C’est pour la FCE-CFDT le prix à payer si l’on veut concilier intérêts des actionnaires, emploi et service public.