P?ermettre aux salariés de rester au travail jusqu’au moment où ils décident de partir à la retraite a été l’objectif de la CFDT lors des discussions ouvertes sur l’emploi des seniors. La signature, le 13 octobre 2005, de l’accord national interprofessionnel sur l’emploi des seniors devait ouvrir la voie aux négociations de branche entre partenaires sociaux. Force est de constater, aujourd’hui, que la question des seniors est dans tous les débats, mais que peu d’actes concrets sont réellement posés.
A l’échelle européenne, plusieurs de nos voisins ont déjà atteint les seuils retenus par la Stratégie de Lisbonne, à savoir maintenir dans un emploi plus de 50 % des salariés âgés de 55 à 64 ans à l’horizon 2010. La France, elle, est incontestablement en retard. Alors que nous entendons peser de plus en plus pour améliorer la sécurisation des parcours professionnels, des plus jeunes aux plus âgés, le maintien dans l’emploi ne peut s’envisager que par une gestion active des ressources humaines tout au long de la vie, et par l’amélioration des conditions de travail. Ces deux dimensions sont indispensables, et la CFDT souhaite les généraliser dans les négociations de branche et d’entreprise.
Nous le savons bien, l’effet démographique conduit inévitablement au vieillissement de la population. La mise en préretraite ne rééquilibrera pas, non plus, la pyramide des âges dégradée de nos différents secteurs d’activités professionnels. De plus, nombre d’études montrent que la productivité des seniors n’est pas plus faible que celle des autres salariés. Chez les seniors, l’expérience contribue à la productivité, et est un gage de maîtrise du savoir-faire.
Alors, c’est bien une politique de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences des deuxièmes parties de carrière qui est nécessaire au niveau des entreprises. Dans la branche Papier-carton, un accord intersectoriel a été négocié dans ce sens avec l’ensemble des fédérations syndicales et patronales, traduisant ainsi une volonté partagée des partenaires sociaux de dynamiser l’emploi dans cette filière professionnelle, en valorisant le capital humain. La FCE-CFDT signera cet accord le 11 mars prochain. C’est un exemple qui doit donner à réfléchir, la démarche engagée s’inscrivant pleinement dans la mise en œuvre concrète des orientations de la CFDT. Cinq grandes ambitions guident en effet cet accord : lutter contre les discriminations liées à l’âge et favoriser la réinsertion professionnelle des salariés seniors, garantir des conditions de travail adaptées à l’âge, favoriser des parcours professionnels dans la durée, impulser une gestion prévisionnelle de tous les âges au travail, enfin accompagner les démarches d’actions des entreprises. Voilà un ensemble de défis à relever par les entreprises de ce secteur, dont beaucoup d’autres devraient s’inspirer, afin d’engager au plus vite des négociations collectives sur ce thème.