La qualité de vie au travail est un facteur de notre bien-être et, par conséquent, de notre santé. C’est pourquoi le travail est considéré officiellement comme un « déterminant » de la santé. Pour preuve les chiffres sont clairs, statistiquement, les personnes sans emploi sont en moins bonne santé que ceux qui ont une occupation. S’il faut bien évidemment distinguer ce qui relève des causes ou des conséquences, l’accès au travail peut et doit être un facteur favorisant la santé, que ce soit par ses effets directs ou sur l’accès au soin. Si le travail peut contribuer à notre bien-être, il peut aussi parfois nous rendre malade. Conséquences de la charge de travail, d’un environnement physique malsain, d’un climat hostile, d’absence de reconnaissance, d’iniquité, ou d’une rémunération insuffisante.
La CFDT s’est toujours battue pour la prévention des risques et n’a jamais abdiqué pour faire reconnaitre la pénibilité. Notre pugnacité a permis d’aboutir à la création du C3P (compte personnel de prévention de la pénibilité) dont les quatre premiers critères sont déjà en vigueur (activités exercées en milieu hyperbare, travail de nuit, travail en équipes successives alternantes, travail répétitif). Les six suivants (manutentions manuelles de charges, postures pénibles, vibrations mécaniques, bruit, températures extrêmes et agents chimiques dangereux) devaient l’être le 1er janvier 2016. C’était sans compter sur le lobbying patronal déployé depuis 18 mois afin de rendre inatteignable les seuils d’exposition. La date d’entrée en vigueur est reportée de six mois. Si les employeurs avaient développé autant d’énergie à améliorer les conditions de travail de leurs salariés qu’ils n’en ont déployé à combattre cette loi, nous aurions déjà fait un grand pas pour combattre la pénibilité et ses conséquences pour les personnes exposées.
Même si ce compte permet une reconnaissance, il ne règle malheureusement pas la question de la prévention, ni totalement celle de la réparation des salariés en situation de travail pénible depuis des années. Il est d’ores et déjà obligatoire pour les entreprises de plus de 50 salariés ayant 50% de son effectif exposé, de conclure un accord ou à défaut d’élaborer un plan d’action visant à réduire les facteurs d’expositions. Les militants CFDT doivent se saisir de cette opportunité car il faut maintenant éviter de prendre à nouveau du retard pour appliquer une loi qui s’impose à tous.
C’est un défi que nous devons toutes et tous relever. Dès aujourd’hui, anticiper la pénibilité de demain notamment liée aux évolutions des métiers, des organisations du travail, aux nouveaux modes de management et aux impacts du numérique.