Le libre arbitre « est la puissance que nous avons tous de faire ou de pas faire quelque chose » selon Bossuet. Faire et ne pas faire, le réel libre arbitre est celui dont on dispose en connaissance de cause. La pression exercée par la norme sociale, par certaines élites bien-pensantes, par les réseaux sociaux dont l’information est calibrée et orientée, partielle, ultra-rapide et éphémère, nous plonge dans une ère puritaine, moralisatrice, hygiéniste. Tout est réglementé, normé, contrôlé, stigmatisé, réprimandé…
Dans certains domaines la réglementation, les normes ont permis des avancées certaines, comme pour l’hygiène, le travail, la sécurité (routière, sanitaire, etc..). Il est évident que dans bien d’autres domaines elle amoindrit notre libre arbitre. Aujourd’hui le « bien pensé », imposé par les normes sociétales, comprime les libertés de penser, d’arbitrer, de décider, d’agir. Il diminue aussi l’autonomie, l’un des
principaux éléments de l’accomplissement de soi. Il fait vœu d’une société sans souffrances certes, mais aussi, sans aspérités, propre et belle. Une société lisse qui impose des normes, physiques, sociales, politiques, une société qui décide pour chacun de nous.
Cette société, que l’on voudrait nous imposer, pense à notre place, décide à notre place de ce qui est bon ou mauvais pour nous. Infantiliser le peuple c’est pourtant considérer que l’État ou la société peut substituer aux libertés de chaque individu des règles « bonnes pour tous ». Cela entraine mécaniquement une double déresponsabilisation : celle de chaque personne et celle de la collectivité.
A normaliser et standardiser dans la loi comme dans le discours public, la réponse s’exprime alors par la rue et des manifestations désorganisées, donnant l’image d’une révolte, dans un pays aux traditions révolutionnaires mais dont la construction démocratique fait référence dans le monde. La société française est une société solidaire qui s’est érigée grâce à nos différences, elles sont la force de notre nation.
L’émancipation, le respect des différences et des libertés, sont les valeurs fondatrices de la CFDT. Même si certains imposent comme la norme le refus des élites et des organisations historiques, notre syndicalisme n’a jamais été aussi moderne et d’actualité pour lutter contre la pensée unique. Être syndiqué c’est être écouté, respecté, informé, réfléchir et agir en connaissance de cause : exercer son libre arbitre. Pour la CFDT l’essence même du vivre ensemble est le respect de chacun, véritablement libre de ses choix et de ses convictions.