La FCE-CFDT et l’IGBCE, fédération allemande de la chimie et de l’énergie ont depuis longtemps des rapports étroits. Après la période de construction des nouvelles fédérations de l’industrie en Europe (IndustriAll European Trade Union) et au niveau mondial (IndustriAll Global Union), nos deux organisations ont repris le chemin d’une collaboration étroite.
Le développement durable, la responsabilité sociale des entreprises (RSE), les nouveaux modèles économiques, la politique énergétique et la chimie étaient au menu d’un séminaire d’une journée et demi animé par Ideforce. L’objectif premier de cette rencontre entre les trois responsables politiques de chaque organisation, était de mesurer l’analyse partagée des enjeux de la prise en charge du développement durable par le syndicalisme.
Après des mises en bouche faites par Syndex et Ideforce, chaque thème a été décortiqué. Visions et expériences de prise en charge du développement durable et de la RSE ont dominé les premiers échanges. Construction d’un réseau d’acteurs de la RSE d’un côté et prise en charge de la RSE dans une PME de l’autre, avec en toile de fond la RSE, un argument pour faire adhérer les jeunes.
Mais l’actualité n’a pas été oubliée ! La sortie programmée du nucléaire et le fort développement des énergies renouvelables en Allemagne et le débat sur la transition énergétique en France ont, eux aussi, été examinés à la loupe, d’autant que ces choix cruciaux, qui se dessinent, auront une incidence sur la compétitivité des industries des deux pays et en particulier de l’industrie chimique. Ces transitions, que connaissent certains secteurs (mines en Allemagne et raffinage en France), ont des conséquences sociales drastiques qui ne sont pas anticipées de chaque côté du Rhin.
L’envie partagée de trouver des réponses syndicales aux problèmes posés à l’industrie, a conduit le petit groupe de responsables à construire un programme de travail qui sera proposé aux deux fédérations. Quatre thèmes ont ainsi été retenus. Comment maintenir la compétitivité des entreprises tout en intégrant le développement durable. Partager les expériences et résultats en matière de RSE, avec la perspective d’un projet européen. Elaborer une vision de ce que doit être la politique énergétique européenne et la faire partager au sein d’IndustriAll European Trade Union.
Et enfin, préparer les conditions des transitions sociales justes. Un vrai programme syndical.
Quelques différences entre les approches de la FCE-CFDT et de l’IGBCE, intéressantes à souligner :
Lorsqu’ils présentent le développement durable, les syndicalistes allemands, privilégient la dimension économique, de laquelle découlent les emplois. Rappelons qu’ils sont dans un système de codétermination dans les entreprises. Et dans un pays où les partis politiques écologiques sont très puissants, ils tendent à minimiser les impacts environnementaux, qu’ils voient comme un frein au développement des entreprises et donc de l’emploi. En outre, se rajoute le fait que leur pays a décidé de sortir du nucléaire. Tout ceci les conduit dans leur réflexion sur la transition énergétique à par exemple préconiser l’exploitation des gaz de schiste, mettant en avant le potentiel qu’ils représentent pour les entreprises et l’économie du pays, sans considérer les dangers pour l’environnement. Ou encore à présenter l’industrie chimique sous son aspect apporteur de solutions aux problèmes rencontrés par les autres industries, sans évoquer ses aspects pollutions et impacts santé. La FCE-CFDT quant à elle incite ses équipes à davantage prendre en compte dans leur action syndicale les impacts environnementaux des activités des entreprises, en plus bien sûr des dimensions économique, sociale, sociétale. Sans oublier le principe de précaution. Ceci donne une vision plus nuancée sur les gaz de schiste par exemple : poursuivre la recherche pour une exploitation dans de bonnes conditions environnementales.
