Parmi les thèmes à l’ordre du jour de la dernière réunion en date du Comité d’Orientation stratégique des Industries chimiques (Cosic) qui s’est tenue le 13 juillet dernier : poursuivre l’effort de recherche et développement (R&D). Plusieurs industriels de la chimie étaient chargés d’intervenir sur ce thème. Coup de projecteur sur quatre d’entre eux.
Daniel Gronier (P-DG de Francolor) a développé la capacité d’innovation des industriels en matière de bio-plastiques. Une dynamisation intersectorielle, alliée à la compétitivité industrielle, a permis d’identifier une filière de progrès et de construire un programme nouveau en vue de développer des produits innovants. Agir sur les filières, développer des programmes mobilisateurs (dans le cadre des champs potentiels du Rapport Beffa), mettre en place une veille stratégique, décloisonner les secteurs d’activité et définir un pilote de projet, autant d’actions à mettre en œuvre pour réussir ce chantier. Un rapport est en préparation et pourrait faire l’objet d’une présentation lors d’une prochaine réunion du Cosic.
Thierry Le Henaff (P-DG d’Arkema) a exposé la nécessité de renforcer les efforts de R&D sur les nano-structures chimiques. Il a notamment insisté sur le fait qu’il s’agit d’une filière à part entière, en direction des industries clientes. L’émergence de nouveaux polymères de qualité supérieure confère à la France une avance dans ce domaine, si l’on conserve la maîtrise au niveau nano-métrique et la propriété industrielle du process. Il a également interpellé l’assistance sur la nécessité de transparence dans ce domaine, car on associe souvent les nano-matériaux aux nano-particules dans lesquels on classe les organismes génétiquement modifiés. C’est un débat difficile en Europe, et en France en particulier.
Jean-Pierre Clamadieu (P-DG de Rhodia) a, lui, valorisé la chimie durable sur l’ensemble de la chaîne de valeur, en insistant sur la nécessité de diversifier les matières premières et de renforcer la recherche sur l’optimisation des procédés dans le but d’être définitivement tourné vers le développement durable.
Olivier Monfort (P-DG de Solvay) a interpellé le Cosic sur les prix du gaz et de l’électricité. Sur les prix du gaz, il a souligné l’inquiétude des grands industriels (ceux qui représentent 8 % de la consommation en France) au regard des disponibilités du gaz et des conditions d’approvisionnement. Il a noté aussi que les tensions importantes sur les prix liées à la géopolitique mondiale, poussaient au développement d’acteurs puissants notamment dans leur capacité à pouvoir se développer sur l’amont. Il a ensuite interpellé le Ministre sur le souhait des industriels de la chimie d’avoir accès aux outils de réseaux de Gaz de France, dans la mesure où ils sont acheteurs de gaz naturel liquéfié (plusieurs bateaux par ans). Ils souhaitent aussi pouvoir avoir accès aux usines de re-gazéification de Gaz de France. Sur les prix de l’électricité, la démarche Exeltium, maintenant mise en place, demande une mise en application concrète par l’ouverture de négociations entre EDF et les industriels. Pour les industriels gros consommateurs d’énergie électrique, les électro-intensifs, le prix de l’électricité est un vrai handicap pour cette filière, d’autant que se profile un calendrier européen de fermeture des électrolyses à mercure à l’horizon 2020. Des compensations devront être imaginées pour préserver cette filière qui occupe en France près de 30 000 emplois.
Enfin, les industriels de la chimie sont revenus de concert sur la difficulté de négocier des contrats à moyen et long termes ; alors que concernant le marché spot, Powernext semble bien gérer les mouvements. Ils souhaiteraient que les prix soient fixés pour eux au regard du prix de revient du kilowattheure nucléaire.
