Chercher la vérité, la trouver et la dire, c’est l’hommage que l’on doit rendre aux victimes de la terrible catastrophe de l’usine AZF de Toulouse. C’est aussi la manière qu’a notre société de tirer tous les enseignements, de nature à éviter qu’un tel accident industriel ne se reproduise. Le risque zéro n’existe pas. En revanche, on doit chercher à s’en rapprocher le plus possible. Par la compréhension fine des phénomènes qui ont été à l’œuvre, mais aussi par leur acceptation. Depuis le 21 septembre 2001, notre fédération n’a de cesse de l’affirmer : il est essentiel de répondre à toutes les questions dans la transparence et la recherche de la vérité. Et cela, dans l’intérêt des salariés, des citoyens et des industries à risques.
Cinq ans après le drame, les faits tangibles portés à notre connaissance en tant que parties civiles, sont contenus dans un rapport d’expertise final. Ce rapport est la pierre angulaire du dossier judiciaire. Il expose une série d’indices graves et concordants, étayés par différentes constatations et expertises. Ce qui a conduit les magistrats instructeurs à retenir la thèse de l’accident chimique, consécutif à un croisement de produits incompatibles (en l’occurrence, le nitrate d’ammonium industriel et le DCCNa, un produit chloré). Cependant, ce rapport démonte aussi les hypothèses qui avaient pu être avancées précédemment pour expliquer l’origine de l’explosion : effets sismiques, onde aérienne, effets lumineux, météorite, ou encore attentat. Mais surtout, le juge d’instruction pointe une perte de mémoire des dangers liés aux nitrates d’ammonium, qui a conduit à des manquements graves dans le système de gestion intégrée de la sécurité.
Ce rapport est accablant pour la société Grande Paroisse et le management du site AZF de Toulouse. Le groupe Total, quant à lui, réfute les conclusions des experts judiciaires. C’est pourquoi notre fédération souhaite que la direction de Total fasse rapidement connaître les éléments et les arguments dont elle dispose. Il serait incompréhensible de repousser à plus tard cette communication attendue depuis la publication du rapport en mai dernier. Total doit s’exprimer et contribuer, dans une société démocratique comme la nôtre, à ce que la justice puisse être rendue dans des délais raisonnables.
Pour la FCE-CFDT, il est indéniable que la volonté patronale d’élever en dogme l’externalisation du maximum d’activités, sa recherche permanente des coûts les plus bas, et ses choix d’organisation non concertés avec les organisations syndicales, ne sont pas sans conséquences sur le fonctionnement quotidien de l’entreprise et sur l’image des industries à risques dans l’opinion publique.