État des lieux de la pauvreté
Le « Rapport sur la pauvreté en France » de l’Observatoire des inégalités, dans sa troisième édition 2022-2023, actualise les données sur les inégalités et analyse leur évolution. Le contexte de 2023 est paradoxal. D’une part, le taux de chômage baisse et l’apprentissage se développe. De l’autre, les emplois sont précaires, les prix de l’énergie (+6,8 %) et des produits alimentaires (+11,2 %) en hausse sur un an, tandis que la fiche de paie et les minima sociaux tardent à suivre cette envolée des prix.
Cinq grands thèmes sont examinés pour aborder les inégalités
Les inégalités se mesurent à partir des revenus, mais aussi des conditions de travail, la santé, le logement, l’éducation, les lieux de vie.
Les territoires
Les inégalités dépendent de la qualité des emplois sur un territoire. La France peut se découper en trois grandes zones géographiques : les pôles urbains, le périurbain, et le rural isolé. Le cœur des agglomérations présente le niveau de vie le plus faible, et certaines villes sont plus égalitaires que d’autres. Le rural se situe juste au-dessus des zones périurbaines. La grande pauvreté touche 5 à 10 fois plus les départements d’Outre-Mer où un quart des personnes vivent dans une grande pauvreté. Moins de 340 euros par mois en Guyane, 500 euros en Guadeloupe, à la Martinique et à La Réunion.
La santé
La santé est aussi un marqueur fort des inégalités. Les plus pauvres sont davantage concernés par l’obésité, les maladies graves de longue durée. Les 10 % aux revenus les plus bas ont ainsi 2,8 fois plus de risque de développer un diabète que les 10 % les plus riches, tout comme les maladies du foie ou du pancréas, les maladies psychiatriques. Les maladies cardiovasculaires, maladies les plus fréquentes, concernent 1,4 fois plus les populations pauvres.
Les espérances de vie et de durée des retraites
À 35 ans, un homme cadre supérieur peut espérer vivre jusqu’à 84 ans contre 77,6 ans pour un ouvrier, selon l’Insee. Une femme cadre peut espérer vivre jusqu’à 88 ans, une ouvrière jusqu’à 84,8 ans. Les inégalités entre milieux sociaux se retrouvent au niveau des conditions de travail et de la
pénibilité, de l’attention portée aux corps, de l’alimentation ou des modes de vie (alcool, tabac, autres pratiques à risques).
Principales inégalités
9,2 millions de personnes, soit près de 15 % de la population française, sont touchées par la pauvreté. Les 10 % les plus riches possèdent la moitié (46,4 %) de l’ensemble du patrimoine des ménages. Les 10 % les plus pauvres vivent avec 715 euros par mois et 2 millions de personnes (soit 3,1 % de la population) ont des conditions de vie très dégradées, vivant en dessous du seuil du revenu médian.
Huit millions de personnes sont en situation de « mal emploi » : les chômeurs, les personnes inactives souhaitant travailler, celles en situation transitoire, les salariés précaires (CDD, intérim, alternance).
Chez les jeunes de 18 à 29 ans, le taux de pauvreté est en augmentation (8,2 %). S’ajoutent à ce constat des personnes qui n’ont pas de logement ordinaire et qui vivent, soit en habitat mobile, soit sont hébergées dans des centres d’urgence.
Source : FIL BLEU – N°277 –NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2023