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La Femca-CISL : La voix italienne sur le Traité constitutionnel européen

Comme elle l’avait fait déjà avec deux autres de ses partenaires syndicaux européens, l’IG BCE allemande et la Fia-UGT espagnole, la FCE-CFDT donne aujourd’hui la parole à son partenaire syndical italien, la Femca-CISL, sur le Traité constitutionnel européen.

Comme elle l’avait fait déjà avec deux autres de ses partenaires syndicaux européens, l’IG BCE allemande et la Fia-UGT espagnole, la FCE-CFDT donne aujourd’hui la parole à son partenaire syndical italien, la Femca-CISL, sur le Traité constitutionnel européen.

CFDT Magazine Chimie Energie : Sergio, tu es secrétaire général de la Femca-CISL italienne. Que signifie pour toi le Traité constitutionnel européen qui est soumis à la ratification des pays membres de l’Union européenne ?

Sergio Gigli : Chaque mot, chaque idée a son importance dans une décision politique. Nous parlons ici du « Traité établissant une Constitution pour l’Europe ». Il est clair que créer pour l’Union européenne, c’est-à-dire pour 25 Etats, un cadre juridique commun comparable aux seules lois fondatrices des Etats Nations, a une portée historique.

Une constitution complexe certes, il ne pouvait en être autrement, qui néanmoins reprend la structure des constitutions traditionnelles auxquelles nous nous référons dès que les événements politiques et économiques tendent à mettre en débat les fondements de la vie en société. Voilà la portée historique.

Cette constitution fait appel à des principes, des valeurs et des objectifs essentiels tels que la paix, la démocratie, la solidarité, le respect de l’Homme, l’égalité, la non-discrimination, l’égalité entre hommes et femmes. Toute la seconde partie du texte est consacrée aux droits fondamentaux, d’autres parties régulant les institutions et la politique de l’Union.

Si je partage certaines des critiques faites au texte issu de la Convention et de la Conférence intergouvernementale, une chose toutefois me paraît sûre : cela fera l’objet d’une avancée ultérieure dans la construction de l’Europe.

CFDT Magazine Chimie Energie : En quoi le traité renforce-t-il selon toi la situation de l’Europe dans le monde d’une part, et dans la vie des citoyens d’autre part ?

Sergio Gigli : D’une manière générale, ce pas en avant renforce l’Union en tant qu’entité sociale et politique qui s’éloigne progressivement de la simple, et franchement peu attrayante, idée d’une Europe uniquement considérée comme un grand marché de libre échange. C’est ce dont nous avons besoin pour affronter les changements apportés par la mondialisation, pour lesquels les décisions sur les facteurs économiques sont avant tout politiques. Outre cet aspect implicite, la Constitution introduit des nouveautés importantes, à l’exemple de la création d’un poste de ministre des Affaires Etrangères, offrant une possibilité de voix unique à l’Union qui jouera ainsi un rôle plus visible sur la scène internationale.

En ce qui concerne la vie des citoyens, je vais me limiter aux perspectives sociales. Un renforcement du modèle social européen me paraît possible du fait de la Constitution qui va plus loin que le Traité de Nice, en incluant dans ses objectifs l’économie sociale de marché et le plein emploi. Les droits sociaux, avec l’introduction d’une Charte des droits fondamentaux de l’Union, ont aussi valeur juridique et sont susceptibles de faire l’objet d’un appel auprès de la Cour de justice européenne. Le rôle des partenaires sociaux est reconnu explicitement. La protection de l’environnement et des consommateurs rentre dans la Constitution. Et bien d’autres choses encore. C’est aussi pour ces raisons que les trois confédérations syndicales italiennes ont soutenu avec conviction la ratification du Traité.

CFDT Magazine Chimie Energie : Quelle est l’implication possible de tes concitoyens si ce traité était mis en œuvre ?

Sergio Gigli : Je partage le point de vue de ceux qui voient en la ratification du traité le point de départ d’un long processus qui devra nécessairement impliquer les citoyens de chaque pays. La Constitution prévoit ainsi de nouveaux instruments comme le droit à l’initiative populaire avec le recueil de signatures.

Pour le monde du travail et selon ma conception du rôle syndical, cette route n’est toutefois pas prioritaire. Puisque la Constitution, comme toute constitution, a besoin de décisions et d’actions ultérieures pour atteindre ses objectifs, je pense que nous devrons nous efforcer de préparer et participer à ce grand chantier par nos propositions. Développement durable, plein emploi, dialogue social, droits transnationaux des salariés, meilleurs standards de travail constituent quelques-uns des thèmes pour lesquels les syndicats nationaux et européens devront faire des propositions concrètes discutées et partagées par les salariés.

CFDT Magazine Chimie Energie : Quel message enfin, Sergio, souhaiterais-tu faire passer à nos lecteurs ?

Sergio Gigli : Je suis au courant du débat très vif qui a lieu en ce moment en France en vue du référendum sur la ratification du traité. Si j’ai bien compris, le Non se fonde substantiellement sur deux argumentations qui s’opposent logiquement. Argumentations qui avaient été également développées au cours du débat, certes plus calme, qui s’était déroulé en Italie lors de la ratification. La ratification est d’ailleurs intervenue définitivement le mois dernier et ce, à une très large majorité au Parlement italien.

Ces deux argumentations peuvent être résumées ainsi. D’un côté, le refus de la construction européenne et plus généralement le refus de l’Europe, vue comme une entité génératrice d’inutiles liens, lointaine des véritables racines des Etats Nations, considérés comme les seuls dépositaires de l’identité des peuples et les vrais remparts pour défendre les droits et résoudre les problèmes socio-économiques. De l’autre côté, à l’inverse, le traité est estimé trop mou dans ses principes, trop consensuel dans ses formulations, chargé de compromis institutionnels et procéduraux qui laisseraient inchangé la difficulté à dégager une ligne politique pour l’Europe et rendraient ardu le développement et la consolidation de meilleures conditions de vie et de travail.

La Constitution introduit la création d’un poste de ministre des Affaires Etrangères, offrant une possibilité de voix unique à l’Union qui jouera ainsi un rôle plus visible sur la scène internationale.

Je trouve, pour ma part, le premier argument complètement dépassé au vu de la réalité des dynamiques politiques, sociales et économiques : paix ou guerre, richesse ou pauvreté, droit de l’Homme ou oppression, développement ou récession, amélioration ou dégradation des conditions de travail se jouent désormais sur l’échiquier mondial où il est nécessaire d’avoir une masse critique pour peser et un pays seul n’a pas un tel poids. Quant à l’identité, je pense qu’elle se nourrit plus de la culture et de l’histoire que de frontières changeantes. Je crois que c’est justement pour cela, et en dépit de mille différences, qu’il existe une identité européenne commune.

Le second argument a quelques fondements, mais est porteur de risques. Si on veut vraiment une Europe plus solide avec des objectifs plus ambitieux de justice et de progrès économique et social, avec des institutions mieux adaptées au but fixé, il faut alors avoir le bon sens de reconnaître que, quoi qu’on dise, la ratification de la Constitution fait accomplir un pas significatif en avant et par-dessus tout, il faut avoir
le courage d’admettre que la non-ratification serait un recul. Un jeu risqué, car l’absence de ratification – même par un seul membre – n’entraînerait pas la reprise des travaux de la Convention en vue d’une amélioration du traité. La non-ratification serait porteuse d’euro-scepticisme et engendrerait un glissement vers cette Europe de marché et des marchands que nous, travailleurs et syndicats, ne voulons pas. Voilà le risque le plus probable qui nous attend si le refus vient de pays fondateurs comme la France ou le Royaume-Uni.

Je dirais enfin aux amis français, lecteurs de cette page, que toutes les opinions sont légitimes et que les citoyens de chaque pays doivent pouvoir choisir selon leurs convictions et leur environnement. J’ajouterais néanmoins que les racines historiques, politiques et culturelles de la France, je crois, mettent en évidence l’importance des valeurs fondamentales et des droits du citoyen. Unir solennellement par ces valeurs 25 pays ne peut être considéré comme un fait banal et négatif. Nous espérions certes faire mieux et plus, mais comme le dit un proverbe italien « le mieux est souvent l’ennemi du bien ».

La voix de la Femca-CISL italienne
La Femca est l’une des fédérations de la CISL, l’une des trois grandes confédérations syndicales qui existent en Italie avec la CGIL et l’UIL. A elles trois, ces confédérations comptent 4 millions de syndiqués, dont 2,1 millions de retraités.
Ce n’est que depuis 2001 que la Femca-CISL regroupe les branches chimie et énergie avec les branches textile, habillement, cuir et chaussures. Et tandis que la CGIL et l’UIL syndiquent respectivement 22 % et 6 % des salariés de son champ fédéral, la Femca-CISL, elle, en syndique 12 %. Taux en baisse ces trois dernières années, à cause notamment de la suppression de
200 000 emplois dans le textile.
La Femca-CISL est organisée selon trois niveaux ayant chacun
son autonomie et son budget propres :
93 structures territoriales, 20 structures régionales et le niveau national.
Sergio Gigli, est secrétaire général de la Femca-CISL depuis janvier 2003.
Retrouvez la Femca-CISL sur Internet à l’adresse suivante : http://www.femcacisl.it

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