Née statutairement à Lyon le 27 mai 1997 de la fusion entre la Fédération unifiée de la Chimie (Fuc) et la Fédération Gaz Electricité (FGE), la Fédération Chimie Energie (FCE) a cette année dix ans. Pour fêter cet anniversaire, elle réunissait à Paris le 26 juin dernier nombre des acteurs de sa construction, mais aussi de son évolution. Membres du comité directeur fédéral qui siègent ou ont siégé depuis 1997, militants, partenaires, ont pour l’occasion débattu de l’histoire de la FCE, de politique industrielle, de responsabilité sociale des entreprises (RSE), et de la place du territoire dans le dialogue social.
Pour revenir sur l’histoire de la FCE, Michel Villaume, président de la FCE, a successivement donné la parole à Jacques Khéliff, le premier secrétaire général de la FCE, Patrick Guyot et Marc Deluzet, pilotes à l’époque du projet de fusion, et Jacky Bontems, secrétaire général adjoint de la confédération. Tous ont rappelé d’abord le long processus de réflexion qui a été mené avant la construction de la FCE. Réflexion déjà en germe dès les années 70. La construction, elle, a été voulue rapide. Elle aura duré trois ans et demi tout au plus. Débats d’instances, démarches de coopération auront finalement mené à passer de 230 syndicats Fuc ou FGE à 27 syndicats territoriaux communs, les syndicats Chimie Energie actuels. Sans oublier la création des secteurs locaux des syndicats. « Le choix que nous avons fait était le bon », dira le 26 juin 2007 Jacques Khéliff. Jacky Bontems sera lui plus nuancé. « Si cette fusion, je la sentais bien, en revanche je ne la sentais pas comme un modèle exportable ailleurs, encore moins généralisable. »
Pour aborder les autres thèmes au regard des enjeux d’aujourd’hui, la parole était donnée à Patrick Pierron, secrétaire général de la FCE, Jean-Pierre Aubert, délégué interministériel à la restructuration des industries de Défense, et Françoise Quairel, maître de conférences à l’Université Paris Dauphine. On en retiendra notamment le regard de Jean-Pierre Aubert porté sur l’action syndicale. Pour lui, la prise en compte véritable de la notion de territoire par les syndicalistes ne peut se faire que s’ils reconsidèrent les objectifs de leur action. Pour Françoise Quairel, la RSE est une formidable opportunité pour enrichir le dialogue social.
De quoi lancer le débat avec la salle, interrogative surtout en termes de bilan de cette fusion. « Dix ans après, la FCE a-t-elle plus ou moins d’adhérents ? » « Depuis dix ans, la mixité hommes / femmes, recherchée au départ dans les instances, a-t-elle progressé ? » Si en dix ans la FCE n’a pas répondu à son objectif initial de doubler son nombre d’adhérents (seulement + 10 % en dix ans), si la mixité de ses instances n’a pas non plus réellement progressé (hors « staff bolivarien »), si les secteurs locaux, comme l’a rappelé Patrick Pierron, ne fonctionnent pas encore au niveau de leurs possibilités, en revanche le bilan par ailleurs de la FCE est clairement positif. Face aux enjeux socio-économiques, l’efficacité syndicale de la FCE n’est plus à démontrer. Ses revendications (sur les risques industriels, les conditions de travail, etc.) sont aujourd’hui mieux entendues. Ses syndicats, plus gros, sont plus forts pour négocier. Il n’est qu’à penser à l’exemple de Michelin. La FCE pèse aussi aujourd’hui de tout son poids au niveau européen, et notamment au sein de la Fédération européenne de l’Energie, de la Chimie et des Mines, l’Emcef, dont Patrick Pierron est d’ailleurs le vice-président.
Avant de quitter ce temps de débat, qui aura été passionnant pour les militants plus récents de la FCE, et de passer à la partie festive, la conclusion de Jacky Bontems prendra les airs d’un hommage à la FCE. « Vous avez fait changer la CFDT ! », dira-t-il.
