P?our tout économiste, comme pour le syndicaliste soucieux des réalités, il est de bon ton de mettre la croissance économique au centre des préoccupations. Car elle est un facteur incontournable pour produire de nouvelles richesses, nécessaires à un développement plus harmonieux. Il est plus aisé de répartir la richesse produite que la pénurie liée à la stagnation économique.
De ce point de vue, la situation mondiale actuelle offre des possibilités intéressantes pour nombre de pays en plein essor économique, comme le sont les pays du continent asiatique. De nombreuses entreprises de notre champ fédéral l’ont d’ailleurs bien compris en investissant ou en commercialisant leurs produits sur ce continent.
Apparemment, il en va différemment pour l’Europe. Comment comprendre la croissance « molle » que connaît l’Union européenne, alors même que la mise en œuvre de la monnaie unique et l’élargissement de l’espace européen à des pays aux besoins économiques et sociaux considérables, offrent des possibilités de croissance très importantes pour notre continent ? Comment comprendre la tendance au maintien d’un chômage structurel, globalement plus élevé que dans d’autres parties du monde ? Nous retiendrons ici deux explications d’ordre général, mais néanmoins centrales.
D’une part, l’Union européenne souffre d’un problème de gouvernance. L’impasse constitutionnelle dans laquelle elle se trouve aujourd’hui, les frilosités, voire les égoïsmes nationaux, empêchent qu’elle crée les conditions d’une dynamique. Il lui manque une volonté politique coordonnée pour créer les conditions de son expansion économique. Celle-ci nécessite des politiques publiques de forts investissements dans les secteurs jugés prioritaires pour répondre aux besoins non satisfaits aujourd’hui, ou stratégiques pour demain, comme ceux de la recherche au service de la politique industrielle.
D’autre part, même lorsqu’elle est au rendez-vous, la croissance ne produit pas mécaniquement d’effets positifs pour l’emploi et la réduction des inégalités. Nécessaire et indispensable, elle a besoin d’être orientée pour prendre en compte les besoins du moment et l’intérêt général.
C’est pourquoi la Confédération européenne des Syndicats et la CFDT veulent obtenir la régulation de l’économie de marché et la mise en œuvre rapide des objectifs de Lisbonne. Car lier efficacité économique et satisfaction des besoins économiques, sociaux et environnementaux, est la seule garantie d’une croissance durable au service de l’emploi et du plus grand nombre. C’est là le sens de notre ambition syndicale, de l’action de la CFDT et de ses militants. C’est là le sens des orientations proposées au prochain Congrès confédéral de Grenoble.