La Chine vit aujourd’hui une transition, énigmatique pour les occidentaux. Cette transition, officiellement réduite au domaine économique, ne touche pas le domaine politique. Depuis l’écrasement de la contestation sur la Place Tien An Men, l’opposition démocratique a été marginalisée, son programme apparaissant irréalisable et risquant même de provoquer le chaos. Tout en s’engageant dans le marché mondial, notamment avec son entrée dans l’Organisation mondiale du commerce, le régime chinois veut rester lui-même. Il pratique fermeture politique et ouverture économique. Mais peut-il éviter que cette transition économique ne s’accompagne d’une transition sociale, conduisant tôt ou tard à une évolution politique ?
La Chine, restée à l’écart de la dynamique économique asiatique dans la période du communisme maoïste, est aujourd’hui devenue l’un des pôles qui attirent toutes les attentions. Zone de forte croissance, elle devient un enjeu d’implantation pour toutes les entreprises. Comment, dans ce contexte, les Chinois abordent-t-ils les questions de l’emploi, des retraites, du chômage ? Questions qui inévitablement prennent ici des proportions d’une autre échelle qu’en Europe, et en France notamment.
Car si l’on veut analyser en profondeur les bouleversements que doit affronter la Chine, il faut tenir compte de la temporalité des changements économiques et sociaux. On ne peut évoquer la Chine sans d’abord s’interroger sur la progression de son immense population. Les « 700 millions de Chinois » chantés en 1960 par Jacques Dutronc, sont aujourd’hui presque deux fois plus nombreux, bien que soumis à une politique stricte de contrôle des naissances. D’autres problématiques co-existent aussi. D’un côté, une population rurale encore largement majoritaire.
De l’autre, des villes immenses comme Shanghai, symbole de tous les gigantismes. Migrations rurales, urbanisation effrénée des grandes villes de la côte est, développement énergétique, solvabilité du pays autant de changements brutaux de nature à remettre en cause la stabilité de la société chinoise. Conjuguer compétitivité et stabilité sociale est le défi que doit relever la Chine pour se développer. De la résolution de cette équation dépend probablement l’avenir de l’équilibre des régulations mondiales. De ce fait, la construction d’un syndicalisme indépendant du pouvoir politique doit contribuer à aider les Chinois à s’émanciper pour faire valoir leur droits sociaux. En cela, la solidarité internationale est essentielle.