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La CFDT à SNF : militer entre engagement et épanouissement

L’engagement syndical serait, selon certains mauvais coucheurs, une affaire d’un autre âge, sans intérêt pour les jeunes salariés.....

L’engagement syndical serait, selon certains mauvais coucheurs, une affaire d’un autre âge, sans intérêt pour les jeunes salariés. A SNF, François, 30 ans, Jean-Pierre, 35 ans et Abdel, 36 ans, font au quotidien la démonstration contraire. Nous sommes allés à leur rencontre.

Nommé délégué syndical depuis les dernières élections, François Granjon se rappelle : « Au début, la direction a embauché un médiateur pour filtrer nos questions, ce qui est bien sûr illégal. Mais nous nous sommes renseignés auprès du syndicat et il a été giclé au bout de 6 mois ». Cette même direction avait réussi auparavant à empêcher la création d’une section à coup de licenciements ou de promotions pour les salariés qui étaient à l’origine de la démarche. Cette ambiance dégradée et l’envie que ça change sont à l’origine de l’engagement syndical des trois collègues. Pour Jean-Pierre Parisot, nommé délégué syndical à la création de la section et jusqu’aux dernières élections, actuellement délégué du personnel titulaire, « On avait l’impression que la direction n’entendait pas ce qu’on disait ». Abdel Lounas, délégué au comité d’entreprise, confirme : « Il n’y avait pas d’ordre du jour, seul le patron parlait. Ca ne fonctionnait pas bien et je ressentais un sentiment d’injustice ».

La présence de la CFDT à SNF est la résultante de deux mouvements initiés en parallèle. François explique : « D’un côté, les gens du bureau, par mon intermédiaire, ont contacté la CFDT. On a choisi la CFDT parce qu’on ne voulait pas un syndicat « rentre dedans ». Sans qu’on le sache, les collègues de l’équipe de nuit, avec Maurice Gammino et Jean-Pierre, ont aussi contacté la CFDT. Ludovic* (développeur du Scérao) s’est occupé de mettre tout le monde en relation ». Jean-Pierre poursuit : « Après, nous avons fait le tour des salariés qui souhaitaient avoir un syndicat et quand nous avons eu une base solide, nous nous sommes lancés en nommant un délégué syndical ».

L’initiative a été plutôt bien reçue par les salariés. Certains sont venus nous voir spontanément. Jean-Pierre se souvient : « Il y a eu beaucoup de salariés qui nous ont contactés pour adhérer et faire changer les choses ». D’autres voulaient d’abord voir ce que la CFDT allait faire. Et ils ont très rapidement pu juger : « Deux licenciements ont ainsi été empêchés grâce à notre action qui s’est appuyée sur l’inspection du travail. C’est un bon point pour la CFDT ». La CFDT a fait circuler une pétition contre le licenciement d’un technicien. « Elle a recueilli 210 signatures, ce qui était un beau résultat car beaucoup ne connaissaient pas la personne concernée », souligne François. Et depuis deux ans, l’équipe CFDT à SNF suit son petit bonhomme de chemin. Le soutien des salariés est réel. L’adhésion a triplé.

Pour Abdel, ce n’est pas le fruit du hasard. « Même si encore maintenant, des gens ont peur d’adhérer à cause de la pression de la direction, tout le monde prend nos tracts. C’est important d’en faire, car c’est un super moyen de faire passer l’info. Les gens en redemandent. » Jean-Pierre acquiesce. « Avoir des adhérents, c’est très important. C’est une force. On se sent soutenu, on peut y aller franco. Et on a besoin de gens qui nous bousculent pour nous faire avancer. C’est pour ça que je propose régulièrement aux collègues de nous rejoindre à la section. » Et les compères ont des objectifs dans ce domaine. Mais, chut ! Inutile de l’ébruiter, car, dans ce domaine, la discrétion est de mise et sert le rapport de force syndical.

Lorsqu’on pose la question du « plus à l’adhérent », François répond sans hésiter : « Nos adhérents ont droit à de l’info spécifique et à être assistés par les délégués du personnel CFDT. Nous les voyons aussi en réunion. Et quand on fait les tournées d’atelier ou de bureau, ils nous sollicitent davantage, et c’est normal ».

Nous avons demandé à François, Jean-Pierre et Abdel, les conseils qu’ils donneraient à un ou des salariés qui voudraient se lancer pour créer une section. « Savoir se recentrer. Eviter de s’éparpiller, même s’il y a des problèmes partout. Se fixer des priorités. Savoir s’appuyer sur le syndicat et sur l’inspecteur du travail. Et bien sûr, faire des tracts. »

Enthousiaste, François lance : « Au niveau personnel, c’est un voyage dans l’inconnu et on apprend plein de choses. C’est un épanouissement personnel qui n’a pas de prix ! Au niveau relationnel, c’est super. Même si des fois, je pétais les plombs à cause du nombre de coups de fil à la maison ». Abdel souligne le rôle de l’équipe : « Ce qui est bien, c’est qu’il y a un noyau dur et que chacun remonte le moral aux autres à tour de rôle ». Jean-Pierre conclut : « D’aller à l’extérieur de la boîte, ça motive aussi. Les formations, ça ouvre les yeux et il y a des choses qu’on maîtrise mieux après. Au départ, on avait un complexe d’infériorité. C’est moins le cas maintenant. On voudrait avancer plus vite, mais c’est aussi ça qui nous motive ! ».

Alors, si c’était à refaire ? La réponse tombe immédiatement : « On referait ! ».

Entreprise de la chimie, SNF fabrique des produits pour le traitement de l’eau. Installée initialement à Saint-Etienne, elle a transféré ses activités à Andrezieux courant 2003, dans des installations flambant neuves. Ses effectifs ont rapidement augmenté : 165 salariés en 1998, 690 en 2003.

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