Kerim, le DS et DSC, Claude, le DS, et Jérôme, le secrétaire du CE, ont accepté de nous parler de leur section CFDT chez DuPont de Nemours à Cernay, en Alsace. L’entreprise est présente dans le monde entier, avec 53 000 salariés. Ses activités sont variées, comme la fabrication de Tyvek (combinaisons), kevlar, peinture, collant pour femmes, etc. Sur le site de Cernay, ce sont les produits pour l’agriculture qui sont fabriqués par les 450 salariés.
MAG FCE : « Pouvez-vous me parler de l’histoire de la CFDT sur votre site ? »
« La CFDT est historiquement majoritaire sur le site, et l’adhésion est un point fort de la section. En 2009, nous avons vécu un conflit. La gestion était assez chaotique et les salariés ont exprimé leur mécontentement aux élections qui ont suivi. La CFDT est passée à 37%, et les postes à responsabilité ont été repris par les autres OS : CGT, CGC et FO. La section croyait vraiment que la CFDT allait disparaître. Face à ce constat, nous avons renouvelé l’équipe avec les responsables qui sont encore aujourd’hui en place. La CFDT s’est remise dans ses valeurs et ses principes, et aujourd’hui nous pesons à 67%. »
MAG FCE : « Il n’y a pas plus de miracle à Cernay qu’ailleurs ! Alors quelle est votre recette ? »
« Notre recette se résume en quelques mots, crédibilité, confiance et rapport de force. C’est trois ingrédients sont indispensables pour nous. On doit apporter des réponses crédibles aux salariés. »
MAG FCE : « Ok, les ingrédients sont plutôt intéressants mais plus concrètement comment vous fonctionnez au quotidien. »
« Tout d’abord, nous répondons à toutes les sollicitations des salariés et nous y apportons une réponse systématique. Mais, avant toute prise en charge par la section, l’adhésion est incontournable, et ça marche à chaque fois. Nous faisons des distributions de tracts régulièrement à la porte. Les tournées d’ateliers se font en général avec un de nous trois accompagné de deux ou trois militants de la section. Les adhérents ont également un rôle important. Ils nous remontent régulièrement les problèmes de terrain, mais ils transmettent aussi les informations aux salariés. Ils sont acteurs dans la section et c’est un vrai plus. »
MAG FCE : «Sur les adhésions, l’accompagnement n’est pas votre seule action j’imagine ? »
« Non, bien sûr ! Quand nous discutons avec des groupes de salariés, nous précisons que nous ne pouvons pas tout dire, car tous ne sont pas adhérents. Et, à ce moment-là, les adhérents présents se chargent de faire adhérer ceux qui ne le sont pas. Nous proposons également l’adhésion de manière régulière et, dès le lendemain, nous retournons chercher les bulletins remplis par ceux qui ont accepté de nous rejoindre. On n’attend pas trois semaines… »
MAG FCE : «Il semble évident que l’adhésion est présente dans la section à chaque action. Vous avez évoqué le rapport de force dans vos ingrédients, de quelle manière est il présent dans vos relations avec la Direction ? »
« Tout d’abord, le rapport de force n’est pas nécessairement un conflit. Deux seulement en 14 ans. Je pense que c’est avant tout notre présence sur le terrain et notre capacité à faire remonter la réalité des salariés. On ne raconte pas de bobards, on sait ce qui se passe, et notre niveau de satisfaction vis-à-vis des salariés est très important. Et forcément la direction le mesure. »
MAG FCE : «Est-ce que vous attribué votre rapport de force à votre nombre d’adhérent ?»
« Notre nombre d’adhérents est secret, nous sommes la première section en nombre d’adhérents en Alsace. Mais, plus que le nombre, qui est important bien sûr, c’est, je pense, le rôle que l’on donne aux adhérents qui fait la différence. Ils portent nos positions aux quatre coins de l’usine. »
MAG FCE : «Vous dites que votre nombres d’adhérent est secret, vous pouvez m’en dire plus ?»
« On garde le nombre secret, car la direction n’a pas à le connaître, mais nous pouvons dire que nous aimerions bien concrétiser nos électeurs en adhérents. »
MAG FCE : «Vous en êtes loin ?»
« Disons que c’est un objectif atteignable et qui nous semble réaliste. »
MAG FCE : «Avez-vous d’autres objectifs pour la section ?»
« Oui, rendre tous les militants plus autonomes et les aider à prendre des initiatives. Aujourd’hui, la section tourne beaucoup autour de nous trois, on aimerait que tous les élus CFDT montent en compétences afin d’être encore plus réactifs. »
MAG FCE : «Si vous aviez chacun un mot pour caractériser votre militantisme quels seraient-ils ?»
« Conviction – Détermination – Engagement »
Merci pour votre franc-parler. Je reviendrai une autre fois pour la recette du kouglof, qui est aussi consistant que vos convictions et votre engagement. •