Le virus a touché tout le monde, mais, en proportion, il a été fatal avant tout aux plus âgés. 92% des décès ont concerné des personnes de 65 ans et plus ; 75% des décès ont touché des personnes de plus de 75 ans.
Ce virus a mis en exergue de nombreuses inégalités sociales.
Si certains ont pu rejoindre leur résidence secondaire et se retrouver en famille, d’autres sont restés confinés dans des logements exigus.
Alors que certains ont souffert d’une grande promiscuité au sein de leur logement, d’autres ont été touchés par l’isolement. Ce fut le cas de 10,5 millions de personnes dont près d’un quart est âgé de 75 ans et plus, ainsi que des étudiants et élèves qui ont vécu cette même inégalité dans l’accès aux cours à distance et dans la solitude pour ceux éloignés de leur famille et de leurs amis.
Cette période de confinement a montré que les outils numériques permettent de conserver un lien social, on l’a vu notamment en Ehpad pour maintenir les liens familiaux. Mais n’oublions pas que 12% des Français n’ont pas accès à Internet, et 53% ont 75 ans ou plus.
Les difficultés de mise en œuvre du déconfinement ont été exceptionnelles. Sortir du confinement a exigé de trouver des équilibres entre de multiples contraintes et de multiples exigences, par exemple entre liberté individuelle et protection collective, entre impératif de santé et nécessité économique.
Nous ne devons pas subir mais reprendre collectivement le contrôle de la situation, la maîtrise de notre vie sociale et citoyenne.
Il aurait fallu contrebalancer la méfiance de la population envers les discours politiques et administratifs, en tenant un discours clair, sans dissimuler les réalités de la situation, sans masquer ni les manques, ni les pénuries, ni les incertitudes pour mobiliser de façon éclairée les différents acteurs, et la population. Il fallait notamment préparer à l’incertitude, à l’anticipation d’une possible deuxième vague et donner les moyens pour cela. Rien n’a été fait.
Le personnel du maintien à domicile et du médico-social a été oublié. Il a fallu la pandémie pour reconnaître le rôle du personnel en Ehpad et lui accorder de la considération. Lui octroyer une prime, c’est bien, valoriser son métier et son parcours professionnel serait mieux.
L’après-Covid-19
Le discours du gouvernement porte sur les conséquences économiques de cette crise sanitaire et sociale.
Le gouvernement parle de relance économique, mais très peu des inégalités territoriales ou de revenus. Notre valeur de solidarité est plus que jamais pertinente, et toutes les couches sociales devront y participer.
Beaucoup voient le monde d’après comme celui d’avant, c’est plus facile !
L’Europe a un grand rôle à jouer, également via l’action de la Banque centrale européenne (BCE) pour éviter l’effondrement d’une bonne partie des pays de l’UE. Le Green Deal européen et le rôle de la CES demeurent un espoir pour beaucoup.
Une autre réflexion doit être menée, celle de l’éthique au sens plein du terme. L’éthique, ce n’est pas la morale.
C’est adapter notre économie face au risque climatique.
C’est adapter l’organisation du travail pour que tous aient un emploi.
C’est adapter le partage des richesses pour lutter contre la pauvreté et le mal-logement.
C’est adapter nos modes de production industrielle ou alimentaire aux besoins de tous en respectant notre environnement.
L’éthique, c’est aussi réfléchir à rendre le monde plus habitable pour tous, notamment les anciens, et à un meilleur accompagnement de la fin de vie.
