Christine, élue secrétaire du comité d’entreprise européen du groupe Total, veut conjuguer cette nouvelle responsabilité avec sa vie privée.
Mag FCE : Christine, tu viens d’être élue au poste de secrétaire du comité d’entreprise européen (CoEE) du groupe Total. Je crois que c’est la première fois qu’une femme est désignée à ce poste dans le groupe.
Christine : En effet, c’est une première depuis 1993, année de la création du CoEE. Je succède ainsi à René Jacquot qui, lui-même, avait pris ce poste pour remplacer Marc Blanc, tous deux comme moi, délégués CFDT. Mais je sais que d’autres femmes tiennent cette même responsabilité, ainsi chez Saint-Gobain par exemple. Pour ma part j’étais déjà membre titulaire au sein de
l’instance depuis cinq ans. Je deviens secrétaire pour une période de 18 mois jusqu’à la prochaine échéance électorale.
Mag FCE : Est-ce à dire que cette arrivée était attendue ?
Christine : Pas du tout, car si ma candidature était logique en regard des objectifs de mixité défendus par la CFDT et de la composition actuelle de notre délégation qui compte trois hommes et trois femmes, cela n’allait pas de soi. Le CoEE est composé de 45 délégués dont seulement 6 sont des femmes. Aussi, pour le remplacement de René Jacquot, la CFE-CGC a joué la concurrence et proposé un candidat. Quant aux allemands, même s’ils ne sollicitaient pas ce poste, ils ont demandé que je fasse une présentation de mon programme pour le CoEE.
Mag FCE : J’imagine que cette nouvelle responsabilité va te solliciter davantage.
Christine : Evidemment, car au-delà de la réunion plénière annuelle qui rassemble tous les délégués venus des différents pays européens où le groupe est implanté, il y a quatre réunions par an du bureau de liaison du CoEE. Ce bureau, auquel je vais participer, est composé des cinq coordinateurs syndicaux français (CFDT, CGT, FO, CGC et CFTC), et d’un représentant par pays (Allemagne, Belgique, Royaume-Uni, Pays-Bas, Pologne et Espagne). J’ajoute qu’actuellement un nouvel accord redéfinissant le CoEE se négocie avec la participation de l’Emcef. Il devrait reprendre certaines dispositions et prérogatives du comité de groupe, une instance spécifiquement française.
Quant au projet que je mets en avant, il sera notamment axé sur une amélioration de la circulation de l’information entre les membres du comité dans toute l’Europe car l’information des membres du CoEE ne doit pas se réduire pas aux seules informations émanant de notre hexagone.
Mag FCE : Cela va te prendre une large part de ton temps. Comment vas-tu organiser tes journées ?
Christine : Je travaille depuis 1994 au centre de recherche de Lacq et, dans le cadre de mes mandats je participe régulièrement aux séances de négociations nationales. J’ai donc déjà l’occasion de partager « les activités familiales » avec mon conjoint. Ce poste de secrétaire au CoEE va bien évidemment me conduire à être davantage absente de la maison, probablement plusieurs jours, et me contraindre de plus à quitter mon activité au centre de recherche. Il me faudra donc retrouver le juste « équilibre » entre ma vie au travail et la vie privée à laquelle je suis attachée.
Mag FCE : Si pour toi « l’égalité » ou l’équilibre se réalise à la maison, qu’en est-il au sein du groupe Total, de la situation comparée entre les femmes et les hommes ?
Christine : Au centre de recherche de Lacq les choses ne vont pas trop mal sur ce point. Cela tient sûrement au fait que la population des techniciens est mixte et à parité. Dans les autres sites du groupe ce n’est pas pareil et les enquêtes conduites sur ce sujet ont révélé des inégalités en termes de salaires. Un constat qui a d’ailleurs été déterminant. Il a permis de réajuster un certain nombre de situations individuelles dans lesquelles les femmes étaient pénalisées. C’est malheureusement une problématique pour laquelle il faut rester vigilant.
La mixité
Pour la FCE, « l’égalité des droits entre les hommes et les femmes, inscrite dans la loi et le code du travail doit être respectée ». C’est l’un des thèmes de la négociation annuelle. Quant à la mixité, il s’agit là d’ouvrir aux deux sexes l’accès à tous les métiers et activités. Dans la CFDT il s’agit que la proportion d’adhérentes et d’adhérents soit la même que la répartition du nombre de salariés. Une proportionnalité que l’on doit aussi retrouver chez les délégués représentants des salariés.