Lors de l’hiver 1954, la voix du prêtre Henri Grouès s’élève sur les ondes de Radio Luxembourg pour dénoncer le sort d’hommes et de femmes sans abris, condamnés à mourir de froid dans les rues françaises. Ceci dans l’indifférence la plus totale face aux terribles vagues de froid qui frappent le pays depuis plusieurs semaines. L’appel à l’insurrection de la bonté du fondateur d’EMMAÜS résonne alors dans tout le pays et entraîne une mobilisation et une vague de générosité sans précédent.
Malheureusement, 68 ans plus tard, malgré les politiques de logement et les différentes lois mises en place par les gouvernements successifs, la crise du logement frappe encore un trop grand nombre de personnes en France. Dans son dernier rapport, la Fondation Abbé Pierre souligne l’urgence d’agir pour lutter contre le mal-logement et permettre à plus de 4 millions de mal-logés, dont 300 000 sans domicile fixe, d’accéder à un logement digne et durable.
Trop peu présent dans le débat de la dernière élection présidentielle, le logement reste pourtant un enjeu prioritaire. Son accès est très inégalitaire en fonction de sa situation professionnelle selon qu’on se trouve en intérim, en contrat court ou en CDI. La zone géographique est aussi un facteur de grande disparité dans le nombre de logements disponibles et dans les prix du locatif ou du foncier, selon que l’on se situe dans une zone touristique, en bordure du littoral ou dans une grande métropole. La capacité d’accéder ou de pouvoir rester dans un logement conditionne souvent l’accès à un emploi, une formation et inversement. Elle a également d’autres répercussions sur la santé, le pouvoir d’achat, la vie familiale ou l’intégration sociale.
Pour la FCE-CFDT, les coupes budgétaires sur le logement ou la réduction des APL ne permettront pas de répondre aux problématiques subies par un grande nombre de français. Au contraire, elles fragilisent les plus modestes et les plus jeunes. Les solutions pour accéder ou rester dans un logement digne et durable sont multiples. Elles passent par de gros investissements et des aides importantes pour la construction massive de logements sociaux, pour la rénovation énergétique du parc existant et des résidences principales pour les propriétaires les plus modestes. L’encadrement des loyers, la mise en place d’une garantie universelle de loyers et une réforme de la fiscalité foncière sont également des réponses pour résoudre cette crise.
Nous avons également notre rôle à jouer dans les branches et dans les entreprises pour faire connaitre les différents dispositifs obtenus par la CFDT en lien avec Action Logement comme Visale, CIL-Pass ou encore MOBILI-Pass. La crise du logement n’est pas une fatalité, elle dépend de la volonté du gouvernement, des acteurs privés et des bailleurs sociaux pour que chaque citoyen puisse bénéficier du droit fondamental de vivre dans un logement décent et durable.