MAG FCE : Jennifer, pourrais-tu en quelques mots nous parler de ton parcours professionnel et syndical ?
Jennifer : Après des études dans le tourisme et une réorientation professionnelle, je suis entrée à la Stacem (PME de 180 salariés de l’industrie du Caoutchouc) comme assistante commerciale. Elue
titulaire sans étiquette en CE en 2014, puis ayant pris contact avec la CFDT, j’ai créé la section en 2018. C’est avec 12 candidats CFDT que nous avons remporté les élections (100% de représentativité). J’ai été nommée DS dans la foulée.
MAG FCE : Pourquoi avoir choisi la CFDT ?
Jennifer : Mon entreprise n’avait pas de syndicats mais comptait un adhérent non élu qui m’a fait rencontrer des membres de l’exécutif du Syndicat Bretagne, j’ai vite adhéré aux idées et aux conseils qu’ils m’ont donnés. Mon adhésion a logiquement suivi.
MAG FCE : Cela fait déjà quelques années que tu es DS et élue CSE, quel bilan peux-tu en dresser ?
Jennifer : J’ai appris énormément : à gérer et à travailler en équipe, à me faire entendre, à mener des projets de longue haleine, à aller vers les autres, à
accompagner les salariés… J’ai pu développer de multiples compétences comme la prise de parole en public, l’aptitude à décrypter des textes juridiques, et plus particulièrement du code du Travail. Mais cela a développé mon envie d’apprendre.
MAG FCE : Quelle est ta vision du dialogue social chez Stacem ?
Jennifer : C’est Germinal, il a fallu se battre pour uniquement avoir le légal ! Il a fallu intégrer l’idée même du syndicalisme dans cette entreprise réfractaire au dialogue, et se faire respecter. Les occasions de poursuivre l’entreprise devant les prud’hommes sont légion, mais pourraient mettre celle-ci en péril… J’ai privilégié le dialogue et imposé à ma direction de négocier, et quand je regarde, en deux ans, que de chemin parcouru ! Je rêve néanmoins du jour où ma direction viendra me chercher pour négocier.
MAG FCE : Tu participes depuis un an à certaines négociations de la branche Caoutchouc, quel bilan en fais-tu ?
Jennifer : « C’est une formidable expérience ! » Je découvre les autres organisations syndicales, mais aussi des militants d’autres entreprises du Caoutchouc avec d’autres visions du dialogue social et du militantisme de terrain. Les problématiques des grandes entreprises (Michelin,
Hutchinson) sont évidemment différentes des miennes. En négociant pour la branche, je négocie indirectement pour mon entreprise, qui n’applique que les dispositions conventionnelles.
MAG FCE : N’est-il pas trop difficile de concilier ton emploi avec ton mandat et ta vie privée ?
Jennifer : Ça demande de l’organisation, mais c’est faisable ! La vie est faite de compromis tant dans la vie privée que professionnelle.
MAG FCE : Quelles sont tes attentes vis-à-vis de ton Syndicat, et plus largement de la FCE ?
Jennifer : Que mon Syndicat continue de m’épauler et de m’accompagner dans mes missions comme il le fait actuellement. Quant à la Fédération, je souhaite poursuivre mon engagement dans la branche, afin d’acquérir de nouvelles compétences : sortir de l’entreprise me permet de m’enrichir, mais aussi de prendre du recul vis-à-vis des problématiques de Stacem. Cela permet aussi de rendre la section plus autonome.
MAG FCE : Quel mot ou expression pour définir ton état d’esprit et ta responsabilité syndicale ?
Jennifer : Je suis émancipée, déterminée et épanouie. Mais seule, je n’aurais pas réussi. La bonne recette d’une CFDT efficace sur le terrain : c’est bien s’entourer, se former, avoir une équipe soudée et bien entendu … un dynamisme sans faille !