MAG FCE : Bonjour, Alexandra et Sandrine, pouvez-vous vous présenter et présenter vos entreprises ?
Alexandra : Je travaille chez Cooper à Vitré depuis 15 ans. C’est une entreprise du Caoutchouc de 800 salariés qui fabrique des joints pour l’automobile. Il y a également un site sur Lillebonne en Normandie. Je suis adhérente depuis 4 ans, et DSC depuis 2 ans.
Sandrine : Je suis chez MC Bride depuis 20 ans. Il y a 125 salariés, et nous fabriquons des aérosols cosmétiques et ménagers. C’est une entreprise de la Chimie. Je suis adhérente et DS depuis 4 ans.
MAG FCE : Comment avez-vous atterri à la CFDT ?
Sandrine : Moi, j’étais à la CFTC, mais il n’y avait pas besoin d’adhésion. Suite à une embrouille au sein de la section, j’ai eu l’occasion de rencontrer un militant CFDT qui distribuait des tracts à la porte de l’usine. Il m’a convaincue, ainsi qu’une de mes collègues, à rejoindre la CFDT et, en un mois, nous avons constitué une liste complète, et nous avons obtenu 22 % aux élections en 2015.
Alexandra : Pour moi, on est venu me proposer d’être sur les listes CFDT. J’ai dit ok, mais pas pour être figurante. Donc, j’étais en position éligible. La CFDT n’était pas représentative à cette époque. Mais juste avant les élections, nous avons participé à un mouvement de grève aidé par le syndicat, nous avons fait le boulot. Les élections 2015 nous ont portés à 49 %. J’ai été élue, et la CFDT est devenue majoritaire.
MAG FCE : Ce sont donc les élections de 2015 qui vous ont poussées dans l’action avec la CFDT. Les dernières élections étaient en 2019, que s’est-il passait en 4 ans ?
Alexandra : Pendant ces 4 années, nous avons eu un gros clash dans la section. Nous nous sommes retrouvés à une dizaine d’adhérents, dont 4 militants. Je suis passée DSC à ce moment-là. J’ai fait plusieurs formations avec le syndicat, et beaucoup de terrain sur mon site, des distributions de tracts, et une communication dynamique. Je me suis également investie comme membre du conseil, du CAD, et en négociant des protocoles. Cela m’a beaucoup appris.
Sandrine : Avec 22%, nous n’avions pas la possibilité de décider seuls d’un accord ou pas. La CFTC était largement majoritaire. J’ai constitué un réseau, mis en place une communication, avec affichage et tractage. Je me suis également investie dans le syndicat, au conseil, au CAD, et dans plusieurs opérations de tractage en vue d’une implantation. Tout ceci m’a énormément plu. Nous avons également accompagné un salarié menacé de licenciement. Il est venu me voir, et nous avons décidé de nous mobiliser. Sur le juridique, la préparation de l’entretien, mais surtout le jour de son entretien avec le directeur, où nous avons fait débrayer l’ensemble des salariés pour l’accueillir à la porte de l’entreprise. Un grand moment dans ma courte vie syndicale !
MAG FCE : Ok. Si je résume, du travail sur le terrain, du contact avec les salariés, de la communication, et de l’investissement aux syndicats. Je vous confirme que vous êtes de vraies militantes… (rires)
MAG FCE : Et ces dernières élections, alors, comment les avez-vous préparées ?
Sandrine : J’ai été en arrêt maladie pendant une année. Je passais malgré tout régulièrement voir les salariés, et j’ai aussi participé à la NAO. Je savais qui je voulais sur les listes. Trois étaient déjà adhérents. J’ai été voir mes « potes » pour constituer les listes, et ils ont adhéré. Lors de ma reprise à mi-temps, 6 mois avant les élections, j’ai participé aux tournées d’atelier régulières, à la distribution de bulletins d’adhésion, de tracts… Je crois que j’ai saoulé mes collègues avec la CFDT (rires). Avec le syndicat, nous avons finalisé la stratégie pour les élections, organisé un grand tractage devant l’usine avec l’aide du CTB Plasturgie, et nous avons déposé une liste complète sur le collège 1, et 1 candidat sur 2 sur le collège 2. Chez les cadres, nous avions plusieurs candidats, mais ils n’avaient pas l’ancienneté nécessaire. Et le résultat fut au-delà de mes espoirs, nous sommes passés majoritaires avec 52%, et une progression de 30%. C’était un peu l’euphorie à l’annonce des résultats… Pour la CFDT, surtout.
Alexandra : Un an avant les élections, j’avais conscience qu’il fallait renforcer la section pour atteindre l’objectif de listes complètes sur les 3 collèges. Tournées d’atelier, propositions d’adhésion, communication spécifique aux adhérents et aux sympathisants, et les listes étaient complètes et bien équilibrées sur la parité, sur les différents secteurs, et entre jeunes et moins jeunes. Des listes idéales à mon sens. Durant cette année, chaque lundi, nous avions le droit aux tracts anti-CFDT. L’objectif de répondre aux attentes des salariés ne nous laissait pas de temps pour répondre à ces attaques.
Juste avant les élections, un problème de condition de travail sur les équipes de nuit a été déclenché par une décision de la direction. Seule la CFDT a pris en charge ce dossier, et les salariés de nuit ne l’ont pas oublié dans l’isoloir. Aidés par le syndicat, nous avons organisé un barnum, avec distribution de tracts en lien avec les élections. Une opération de visibilité nécessaire et appréciée. Une dynamique s’est enclenchée à quelques semaines des élections avec les salariés non adhérents qui ont fait campagne pour la CFDT. Le résultat est une CFDT à + de 61%, avec une progression de +12%.
MAG FCE : Tout d’abord, bravo à vous deux et à vos collectifs pour ces très bons résultats. Si vous aviez une phrase pour illustrer vos actions ?
Sandrine : La joie de vivre, le dynamisme, le travail collectif de la section et le contact avec les salariés ont contribué à cette réussite.
Alexandra : Le contact avec les salariés en toute simplicité, le collectif présent quand il y avait besoin sont les ingrédients de cette réussite.
MAG FCE : Si je vous dis qu’il n’y a plus qu’à concrétiser ces voix en adhésions vous me répondez ?
Sandrine et Alexandra : Je crois qu’on n’a pas le choix…(rire). Oui à fond.