Le stockage du gaz a été mis en œuvre à l’origine pour des raisons économiques. En effet, la consommation de gaz est dépendante de la température extérieure et il faut acheminer près de 7 fois plus de gaz sur les réseaux entre un jour du mois d’août et un jour d’hiver. Une température qui baisse de 1 °C, c’est 100 000 000 de KWh de plus consommés en France soit la consommation journalière d’une très grande ville. Les gisements ont une production quasi continue et compte tenu des investissements importants sur toute la chaîne gazière, il convient de les faire fonctionner toute l’année à leur optimum. C’est comme un fabricant de ski qui vend ses produits en hiver, mais fait tourner son usine toute l’année et alimente les stocks des magasins en station avant la saison, évitant rupture et transport hivernal. A cette fonction principale d’équilibrage de flux, s’en ajoutent deux autres : la sécurité d’approvisionnement et l’optimisation du prix du sourcing. En cas de rupture d’approvisionnement technique (canalisation coupée, tempêtes, problème chez le producteur…) ou politique (crise russo-ukrainienne, tension en Algérie…), le stockage assure un tampon de plusieurs mois. L’optimisation vient du fait que vous pouvez acheter du gaz peu cher en été et le revendre en hiver avec un swap.
Tout allait très bien jusqu’à l’ouverture des marchés quand dans chaque pays, il y avait un seul opérateur. Toute la chaîne dépendait d’une seule entreprise (GDF), mais l’ouver-ture des marchés du gaz a multiplié les intervenants tout au long de la chaîne, nécessitant de multiples interfaces entre ces opérateurs et générant des disfonctionnements. Ainsi, aujourd’hui, certains opérateurs ne stockent plus pour faire plus de bénéfices et reportent le risque de rupture de fourniture sur tous les autres. Cela ne pouvait plus durer, et le ministère a entamé des consultations pour résoudre le problème. La FCE-CFDT est intervenue dans le débat pour proposer une solution qui pérenniserait le système : une obligation de stockage physique en France au prorata des volumes vendus par un opérateur, un tarif de stockage régulé identique pour tous couvrant les coûts (charges d’exploitation et de capital) et un renforcement des liens entre les entreprises d’infrastructures (réseaux, stockages et terminaux méthaniers) afin qu’aucun maillon de la chaîne ne soit oublié. Cette solution doit s’accompagner d’un renforcement important de la coopération européenne avec mise en action d’un régulateur européen.
Notre solution garantirait un outil industriel performant, sûr, avec une main-d’œuvre qualifiée et suffisante stoppant ainsi la dégradation du système : outil mal maintenu et suppression de postes.