Le débat sur les gaz de schiste en Europe ou en France ne cesse de déchaîner les passions. Les directions des groupes pétroliers et gaziers aimeraient pouvoir lancer leurs explorations dans un cadre le moins contraignant possible. Qu’en est-il réellement ?
Aujourd’hui, l’exploitation des gaz ou huiles de schiste est interdite en France, mais l’expérimentation ne l’est pas. Celle-ci est soumise à l’examen du dossier par une commission ad hoc n’ayant jamais été mise en place ne peut donc statuer. De facto, en l’état actuel, il ne peut y avoir d’expérimentation.
Quel intérêt économique peut-on espérer tirer des hydrocarbures de schiste en France ? L’enseignement que l’on peut retirer des Etats-Unis est que l’exemple américain n’est nullement transposable tel quel en France. Les droits minier et environnemental américains sont nettement plus favorables que les codes minier et de l’environnement français. La densité de population américaine autorise des activités minières inconcevables en France où la densité est de 10 à 50 fois plus grande. L’acceptabilité sociale en est donc d’autant plus difficile. Il ressort de cela que les coûts de mise en œuvre ne pourront être que nettement supérieurs à ceux des USA. L’exemple polonais vient le confirmer, les forages effectués en Pologne ont été 5 à 10 fois supérieurs aux coûts US. Ces forages ont d’ailleurs révélé que le potentiel n’était que de quelques pourcents des estimations initiales.
Plusieurs économistes ont effectué des études pour transposer le cas US en France. Leurs évaluations, s’appuyant sur les cas les plus favorables de production des US, montrent que l’eldorado n’est nullement au rendez-vous. Les prix des gaz de schiste ne seraient pas compétitifs comme ils l’ontété aux Etats-Unis.
Pour la CFDT, les hydrocarbures de schiste posent beaucoup d’interrogations tant économiques qu’environnementales. En l’état actuel, l’exploitation ne peut être autorisée. Par contre, une expérimentation encadrée par la puissance publique aurait le mérite de donner la vérité sur les prix et sur les conséquences environnementales dans le contexte français, mais il ne faudrait pas tirer de conclusions hâtives et garder en mémoire que le principe de précaution reste de mise en France.