Guy Marchetti vient d’être désigné délégué syndical central (DSC) au sein de RTE. Il remplace Michel Farah. Une succession mûrement préparée. Rencontre.
C’est dans le local syndical de l’établissement RTE de Lyon que Michel ouvre la discussion.
Michel : C’est en 2005, au moment de la filialisation au sein de RTE (réseau de transport de l’électricité) de l’activité distribution d’EDF que j’ai été désigné DSC. Une désignation devenue nécessaire à la suite de la réorganisation d’EDF. J’ai été désigné par la fédération après avoir été choisi par les militants de la liaison « transport ».
Magazine : C’est donc après six années de mandat que tu passes le relais à Guy.
Michel : En effet, ma retraite est prévue pour la fin 2012, mais nous avons trouvé pertinent, au sein de l’équipe de faire le changement après les résultats obtenus lors de nos dernières élections de représentativité en novembre 2010 (voir encadré). C’est pour cela que la désignation de Guy s’est faite en janvier.
Magazine : Comment s’est fait ce choix ?
Michel : Le mieux est de rappeler un peu l’histoire. Ainsi, avant même 2005, nous étions au sein de la CFDT organisés par type d’activité, nous calquant sur les découpages organisationnels de l’entreprise. La logique de métiers était structurante. Nous pouvions nous rencontrer, notamment pour définir nos axes revendicatifs. En 2005, les choses se sont accélérées. Il a fallu négocier au sein de RTE, notre nouvelle entreprise. On se retrouvait tels des pionniers. Nous avions à faire passer juridiquement les accords signés au sein d’EDF chez RTE. Cela nous a bien occupés. Plusieurs groupes de négociateurs ont été constitués. Guy en faisait partie.
Guy : Je suis entré chez EDF à Lyon en 1984, en qualité d’électromécanicien. J’ai décidé d’adhérer à la CFDT et rapidement, j’ai accepté de prendre quelques mandats. Du côté professionnel, après trois ans d’activité « en exploitation postes », j’ai rejoint le dispatching, un secteur où il faut travailler par postes et en continu, 7 jours sur 7. Le parcours professionnel dans la filière métier m’a permis d’atteindre un emploi d’ingénieur en 2001. Puis, la filialisation a transformé notre travail, j’ai fait alors le choix de prendre davantage de responsabilités syndicales, notamment en m’investissant dans le groupe « Contrat de travail Cadres ».
Magazine : Est-ce à partir de ce moment que tu as été pressenti pour devenir DSC ?
Guy : Je ne peux le dire ainsi, mais il est vrai que ma participation aux travaux de la liaison RTE ainsi qu’aux rendez-vous réguliers de la branche ont été des éléments déterminants. Il y a aussi le fait que je suis issu d’une section qui, avec une bonne équipe de militants, pouvait sans se mettre en péril, laisser partir un délégué.
Michel : Notre préoccupation, au sein de RTE, a été de mettre en œuvre une pratique de gestion des ressources militantes. Autant nous sommes exigeants vis-à-vis des patrons pour qu’ils anticipent les évolutions en termes d’emploi, autant nous avons voulu ne pas être pris nous-mêmes au dépourvu, au sein de la liaison quand il faut pourvoir à des remplacements. Il faut y penser et anticiper.
Guy : C’est un peu pour cela que nous avons un DSC suppléant, mais surtout c’est parce que nous travaillons ensemble dans notre liaison sur toutes les questions que nous nous sentons plus forts. Aujourd’hui nous pensons à la relève avec la préoccupation de voir arriver davantage de jeunes parmi nous. Alors le moment venu je pourrai à mon tour dire comme Michel, au moment de partir : « J’ai le cœur léger, la relève est assurée et la liaison fonctionne ».
RTE EN QUELQUES MOTS
Le Réseau de transport électricité (RTE) est, depuis 2005, une filiale à 100 % d’EDF. L’entre-prise RTE compte quelques 8 500 salariés répartis sur dix-huit sites. Elle assure le transport de l’énergie électrique générée par les différentes centrales de production vers les consommateurs. Avant 2005, c’était EDF qui assurait cette mission.
RTE est chargé de la gestion, de la maintenance et du développement du réseau. Mais le défi majeur à relever, 24 heures sur 24 tout au long de l’année, est de trouver l’équilibre entre les exigences de consommation et le niveau de production. Défi puisque l’électricité n’étant pas stockable, un déséquilibre entre production et consommation peut conduire à la panne générale.
Sur le plan syndical, il est à noter qu’en novembre dernier, la CFDT a obtenu 27,8 % des suffrages, la CGT reste en tête mais a perdu la majorité absolue puisqu’elle est passée en dessous des 50 %. La CFE-CGC obtient 15 % et FO 11 % ».