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Grève générale en Guadeloupe et à la Martinique des mutations conscientes

La Guadeloupe et la Martinique sont paralysées par la grève générale. C’est l’occasion de constater l’évolution de mentalités qui n’en peuvent plus de la vie chère…

La Guadeloupe et la Martinique sont paralysées par la grève générale. C’est l’occasion de constater l’évolution de mentalités qui n’en peuvent plus de la vie chère…

L’Ile de la Réunion en novembre, puis la Guyane en décembre 2008 ont réagi socialement, en obligeant ainsi l’Etat français à influer sur la baisse du prix de l’essence, et déno ncé un abus sur les prix en cours dans les DOM, notamment ceux des produits de première nécessité. Nous étions sur place à la Réunion lors des manifestations populaires et nous avions déjà constaté, concrètement, la complexité du climat social ambiant, et l’incidence cruelle sur les bas salaires, en sachant que les difficultés ne faisaient que commencer, cette crise serait sûrement suivie d’une crise économique et sociale inévitable…

La Guadeloupe, pendant 44 jours, a manifesté le mouvement à son tour, pour dénoncer notamment les prix excessifs pratiqués dans le département profitant principalement à quelques familles appelées communément les « blancs pays » à la Guadeloupe et « les békés » à la Martinique.

Les syndicats guadeloupéens ainsi que bon nombre d’associations et de partis politiques (une cinquantaine) ont constitué un collectif « Liyannaj Kont Pwofitasyon » (dit LKP ce qui signifie : « lien contre l’exploitation, les abus ») et ont démarré une grève générale suivie par la masse populaire, grève qui continue dans un climat de plus en plus critique.

La CFDT dans ce conflit était très présente, notamment par l’intermédiaire de L’Union interprofessionnelle régionale dirigée par Henri Berthelot et de nos camarades de la branche des Industries électrique et gazière pour la FCE.

Il est à noter l’approche « très responsable » des militants qui, à EDF, ont assuré, malgré un climat social de plus en plus tendu, un fonctionnement et une production d’électricité pour répondre aux besoins minimums de l’archipel.

Le collectif LKP a proposé à l’Etat un cahier revendicatif qui insiste particulièrement sur les problèmes de vie chère et de chômage. Les taux de chômage des DOM sont les plus élevés des régions de la Communauté européenne : Réunion 24,2 %, Guadeloupe 22,7 %, Martinique 21,2 %, Guyane 20,6 % ; la métropole 8,1 %. Et tout cela sans compter sur les nombreuses personnes qui ne sont pas inscrites au Pôle Emploi.

Il est évident que l’Etat a joué de maladresse dans la gestion de ce conflit et ce ne sont pas les médiateurs qui ont contribué à apaiser les relations sociales…

Le décès d’un syndicaliste par mort violente, a réveillé les consciences. Le président de la République et le gouvernement doivent, de toute urgence, prendre la mesure des difficultés des habitants d’Outre-mer et répondre à leurs attentes les plus urgentes avant que ces régions ne deviennent des poudrières incontrôlables.

Il y a quelques temps était diffusé sur Canal + un documentaire axé principalement sur la mentalité, les propos racistes et le comportement abusif de békés de Martinique, document qui a remué les consciences populaires et provoqué de multiples réactions particulièrement indignées.

Les différents syndicats et associations de la Martinique ont décidé à leur tour, de constituer un collectif comme en Guadeloupe, baptisé « Collectif du 5 février 2009 contre la vie chère ». Ainsi, ce jour-là, toutes les organisations syndicales confondues, dont la CFDT, étaient dans la rue manifestant contre la vie chère et réclamant une baisse des prix et une augmentation de salaire de 200 euros. Cette manifestation était basée sur une intolérable injustice que subissent les Martiniquais de toutes catégories socioprofessionnelles et de tous âges. Le collectif demanda alors à la population de rouvrir sans délai le chantier de l’inégalité sociale excessive en Martinique et l’appela à descendre massivement dans les rues. Les agents EDF ainsi que les syndicats d’EDF, sont pour la plupart solidaires du mouvement du collectif.

« Le collectif du 5 février contre la vie chère » a fait maintenant un travail de conscientisation, et a posé véritablement le problème identitaire du peuple martiniquais et son devenir depuis environ 400 ans. Il fallait commencer par là, faire un constat de ce que sont les Martiniquais depuis la fin de l’esclavage, pour arriver enfin à se dire, comme l’a dit le responsable du collectif : « La Martinique n’est pas un pays de jouissance, la Martinique est un pays de souffrances. »

Il apparaît que les Martiniquais semblent, comme les Guadeloupéens l’ont fait, prêts à dénoncer un système économique, financier et social qui les perturbe, les déséquilibre, les met à mal et ce depuis plusieurs centaines d’années. Ils ont bien accepté en silence que ce système dure et perdure, certes. Mais aujourd’hui, il est très important de se rendre compte grâce à la Guadeloupe que les systèmes économiques et sociaux se ressemblent, mais chacun a fabriqué sa propre rébellion.

Comme on peut l’imaginer, cette crise sociale est également une crise identitaire. Il est temps de revoir les structures économiques des Antilles et des autres DOM, mais aussi de repenser complètement leur mode de développement. De ces contrées lointaines. La loi pour le développement économique en Outre-mer dite « Lodeom » du 29 juillet 2008 doit être mise en oeuvre le plus rapidement possible pour répondre aux préoccupations des ultra-marins, en espérant qu’elle ne sera pas un échec comme les lois précédentes.

Ce ras-le-bol des populations les plus en difficulté risque de s’étendre de nouveau en Guyane et à la Réunion et même à Saint-Pierre et Miquelon, car des collectifs de même nature ont commencé à se constituer. Les réponses gouvernementales ne doivent pas être de façade mais bien réelles, en particulier sur le pouvoir d’achat, les salaires, la production locale, les disparités et le chômage galopant.

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