Agent de maîtrise en production « camionnettes-motos » sur le site de Montluçon, Thierry Dusoulié est aussi secrétaire de la section et délégué syndical central CFDT de l’entreprise depuis maintenant cinq ans.
Quelle analyse fais-tu des résultats des élections qui viennent de se tenir dans ton entreprise ? La CFDT s’envole sur le site de Riom dans le Puy-de-Dôme. Nous dépassons les 68 % et remportons quatre sièges titulaires sur cinq. C’est un nouveau revers pour la CGT qui perd systématiquement les élections depuis 1999. A cette époque, la CFDT ne pesait que 37 %. Nous avons maintenant des élus dans tous les services de l’établissement.
Sur le site de Montluçon, nous avons gagné un siège au 2e collège du Comité d’établissement et cela nous permet de désigner un délégué syndical supplémentaire. Dans un contexte difficile, avec la baisse de l’activité du site et face à une CGT majoritaire, mais qui a perdu 20 points en quelques années, nous avons conservé un score de près de 30 % et progressé en nombre d’élus. C’est pour nous une victoire.
Par contre, à Amiens Nord, l’équipe n’a pas réussi, dans un contexte très compliqué avec le plan social en cours, à dépasser la barre des 10% et nous ne sommes donc plus représentatifs.
Avec les nouvelles règles de représentativité, chaque voix a compté. Au niveau de l’entreprise, il n’y a plus que trois syndicats représentatifs sur les sept présents avant les élections. La CFDT est désormais la deuxième organisation syndicale.
Comment avez-vous préparé cette campagne, quelles pratiques syndicales avez-vous développé ? Nous privilégions, depuis plusieurs années, les pratiques de terrain. Notre réussite c’est la concertation, le dialogue avec les salariés. Pour chaque négociation, nous réunissons nos adhérents et sympathisants pour échanger avec eux sur les avancées et dégager nos positions pour la prochaine réunion. Nous avons convaincu les salariés que le débat et le compromis étaient les meilleures façons d’obtenir des avancées concrètes. A Riom, la section avec son délégué syndical, Didier Raynaud, a repris la liste du personnel pour cibler « les indécis ». Un travail particulier d’information et d’appel au vote a ensuite été mené auprès d’eux, en prenant appui sur une distribution de tracts, cela permet de rencontrer et d’échanger avec les salariés.
Un travail de communication donc ? Notre point fort c’est le travail collectif et la communication. Pour le fonctionnement de notre liaison, nous ne disposons pas de droit syndical supplémentaire. Nous nous servons donc de la préparatoire à la réunion de négociation mensuelle avec l’employeur pour faire notre travail syndical, échanger notre actualité sur les différents sites. C’est comme cela que nous avons préparé ces élections. Nous avons des contacts très réguliers entre nous. C’est le cas lors des négociations sur les sites, nous imposons des interruptions de séance qui nous permettent de faire le point entre nous. La direction cherche constamment à nous mettre en porte-à-faux et c’est un moyen de la contrecarrer. Afin de préparer collectivement les IRP (sigle), l’ensemble des élus se réunit sur chaque site tous les lundis. C’est un bon moyen pour que chaque militant ait accès à l’ensemble de l’information.
Et maintenant, quelles vont être les priorités de la CFDT Goodyear Dunlop ? La première est bien entendu la veille au regard de la situation économique de l’entreprise. L’emploi, c’est notre souci majeur. Notre objectif, c’est aussi de renforcer notre représentativité partout dans l’entreprise. Les prochaines élections se gagneront dès maintenant, par un travail quotidien. A Montluçon, nous voulons continuer à « démocratiser » les œuvres sociales du Comité d’entreprise (CE), pour que chaque salarié puisse choisir librement son lieu de vacances et ne plus être obligé d’aller chez Touristra, comme la CGT l’impose aujourd’hui pour bénéficier des aides du CE. L’amélioration des conditions de travail, à tous les niveaux, est une autre de nos priorités. Nous ne jetons pas l’éponge à Amiens Nord et nous réfléchissons à un plan d’action pour reconquérir notre représentativité. Enfin, la CFDT a toute sa place au siège de l’entreprise en Ile-de-France et nous comptons bien déposer une liste, dans deux ans, aux prochaines élections.