Une étude comparée de la flexibilité et des conditions de travail sur cinq sites européens de Michelin a été menée de janvier 2001 à juin 2003. Un travail sur les conditions d’emploi dans le secteur du caoutchouc pourrait être engagé au regard de ses enseignements.
Le comité d’entreprise européen de Michelin, à l’initiative de son secrétaire CFDT Jean Barrat, adopte en juin 2001, le principe de la mise en place d’un groupe de travail sur le thème de la flexibilité. Son objectif : mener une étude comparée de la flexibilité et des conditions de travail sur cinq sites européens de Michelin. Pour permettre que le travail soit réalisé dans de bonnes conditions, la direction a financé la démarche conformément au budget établi par le secrétaire du comité.
Le groupe, composé du secrétaire et de six membres issus de France, Espagne, Allemagne, Italie et Royaume-Uni, a fonctionné de janvier 2002 à mars 2003. Le groupe a été assisté d’un sociologue, directeur du Céreq*, laboratoire indépendant de l’entreprise et des représentants du personnel. Le chercheur avait pour missions d’assurer l’ingénierie et la méthodologie du projet, d’assister le groupe dans la conception des outils d’enquête, de le former aux techniques qualitatives et quantitatives du recueil des données, de valider, exploiter et restituer les résultats de l’étude.
Les processus de flexibilisation
L’étude avait pour objectif de rendre compte des processus de flexibilisation appliqués depuis quelques années par l’entreprise. Elle s’est déroulée de juin 2001 à juin 2003. Il s’agissait de mieux connaître les diverses conceptions de la flexibilité chez les salariés (selon leurs fonctions et âges, et les sites étudiés) et les processus de flexibilisation mis en œuvre selon les sites de production, de mieux comprendre la façon dont les salariés vivent les contraintes induites par les modes de production flexible (non seulement au travail mais aussi dans leur vie personnelle, familiale et sociale), de situer la façon dont ils perçoivent les compensations mises en place par l’entreprise, et d’appréhender la situation particulière des jeunes.
Le travail sur le terrain a porté sur cinq établissements comparables du point de vue de leur technologie et leur organisation, choisis dans cinq pays différents : Bad Kreuznach (Allemagne), Cuneo (Italie), Dundee (Ecosse), Montceau-les-Mines (France) et Vitoria (Espagne). Il s’est concentré sur deux lignes de production par site, en comprenant les phases amont de l’approvisionnement et aval avec la finition, la cuisson et les opérations d’entretien et de maintenance.
Le recueil de données a reposé sur trois enquêtes distinctes et complémentaires. Un premier questionnaire a été envoyé aux responsables de chaque site pour recueillir des éléments concernant l’ensemble du site. Les deux autres enquêtes ont été effectuées par les représentants syndicaux, membres du groupe de travail.
Au printemps 2002, ils ont réalisé une série d’interviews auprès d’une quinzaine de salariés par site (directeur, cadres dirigeants, encadrement intermédiaire, délégués syndicaux et opérateurs). Cette enquête qualitative visait à mettre en évidence les conceptions et le vécu des personnes interviewées face aux phénomènes de flexibilisation. Afin de préparer ces interviews, le Céreq a consacré deux journées à la formation des délégués syndicaux.
De juin à octobre 2002, le groupe Flexibilité, le Céreq et les dirigeants de l’entreprise ont élaboré un second questionnaire. Il a été diffusé à une centaine d’opérateurs sur chacun des sites, de décembre 2002 à mars 2003. Il portait sur les rapports entre l’évolution et les interactions des conditions de travail et d’emploi dans l’entreprise et la vie personnelle des salariés. Comme pour les entretiens, les délégués syndicaux du groupe Flexibilité ont été chargés d’organiser le recueil de données (par groupes de 10 à 15 salariés).
Présentation des résultats
Parallèlement et tout au long de l’étude, le groupe s’est réuni régulièrement pour faire des points intermédiaires et visiter les sites : Clermont-Ferrand, Vitoria, Dundee, Bade Kreuznach
Le 11 juin 2003, le rapport final a été présenté au comité d’entreprise européen. En accord avec la direction, un retour a été fait à tous les salariés ayant participé au recueil des informations. Pour cela, une synthèse de quatre pages a été réalisée. Les données spécifiques à chaque pays ont été rajoutées à la synthèse. En octobre 2003, le secrétaire du comité européen, assisté du chercheur du Céreq, se sont rendus sur les cinq sites. Ils ont tenu trente réunions pour présenter les résultats de l’enquête. Ces réunions ont rassemblé plus de trois cents personnes.
Lors de la prochaine réunion du comité national de la branche caoutchouc, l’étude sera présentée. Un travail sur les conditions d’emploi dans le secteur du caoutchouc pourrait être engagé au regard de ses enseignements.