La mondialisation engendre des sentiments contradictoires. Une majorité d’Européens et d’Américains estime qu’elle améliore leur niveau de vie, tout en étant néfaste pour l’emploi et la sécurité des carrières. En fait, l’économie mondiale connaît d’importantes transformations depuis dix ans : grande libéralisation des marchés, révolution des techniques de l’information et de la communication, et enfin création d’importants bassins d’ouvriers qualifiés et d’ingénieurs dans les pays émergents. Des changements qui renforcent la pression de la concurrence et qui conduisent ainsi les entreprises à accentuer leur politique de réduction des coûts et augmenter leur productivité. La concurrence oblige aussi les Etats à agir sur l’accès à des biens de première nécessité comme l’eau, le chauffage ou l’électricité.
Face à la mondialisation, nous ne sommes pas cependant désarmés. L’action politique et syndicale est essentielle pour éviter que la mondialisation n’entraîne le déclin de l’emploi et des salaires, la remise en cause des prestations sociales et un manque de respect de l’environnement. C’est pourquoi la régulation mondiale, au travers d’organismes comme l’ONU, le FMI, l’OMC ou encore l’OIT, doit s’affirmer. Elle peut venir aussi d’autres types d’action, comme celle qu’a menée Muhammad Yunus, Prix Nobel de la Paix en 2006. Après avoir développé le micro-crédit, il défend aujourd’hui le concept du « social business » qui obéit avant tout à un objectif social. L’Union européenne a, quant à elle, mis en place un fonds européen d’ajustement à la mondialisation, dans le but précis de venir en aide aux travailleurs frappés par des pertes d’emploi. C’est ainsi que les salariés des entreprises sous-traitantes les plus affectées au sein de l’industrie de l’automobile française, ont pu bénéficier de ces aides au reclassement.
Le syndicalisme dispose, lui, de leviers majeurs pour agir. Un premier levier consiste à faire respecter les règles de l’OIT, partout dans le monde, par les multinationales et le droit social national. C’est un combat essentiel pour la responsabilité sociale des entreprises, et chacun doit en mesurer la portée. Un deuxième levier consiste à anticiper les stratégies des entreprises afin de peser sur elles dans le but de sauvegarder l’emploi et d’éviter les délocalisations. Il nous faut agir pour qu’elles innovent en termes technique, environnemental et social. Autant d’innovations qui contribuent à leur rentabilité : il est aujourd’hui démontré que dans un même secteur d’activité, un groupe intégré peut dégager une même rentabilité qu’un groupe qui externalise et délocalise.
Pour la FCE-CFDT, il faut agir pour une meilleure régulation politique et sociale de la mondialisation. C’est à cette condition qu’elle ne sera plus à craindre.