Le plan Juncker suscite des questions sur son architecture et son financement. Appelé de ses vœux par la France de longue date, le plan d’investissement que l’UE est en train de mettre en place n’est qu’une pâle image des projets initiaux de l’Hexagone.
La France souhaitait 1 200 milliards sur 4 ans, la Confédération européenne des syndicats a proposé un plan d’investissement de 2% du PIB, soit environ 250 milliards d’euros par an, sur une période de 10 ans. Le plan actuel représente 315 milliards sur 3 ans. Un montant déjà arraché de haute lutte aux partisans de la rigueur monétaire, dont le principe se retrouve dans l’architecture du dispositif. En effet, pour l’heure, seulement 2 milliards de fonds publics y sont consacrés, en provenance du budget européen.
Au total, l’UE prévoit de verser 8 milliards d’euros, mais sur cette somme 6 milliards d’euros étaient déjà budgétisés pour abonder le programme de soutien à la recherche Horizon 2020, ainsi que le mécanisme d’interconnexion européen (MIE), consacré aux transports et aux réseaux européens. La Banque Européenne d’Investissement doit de son côté apporter 5 milliards d’euros. A partir de là, le programme d’investissement de la Commission Juncker parie sur un effet« démultiplicateur » de 15.
Un coup de poker qui s’inspire aussi de l’idée qu’un investissement privé sera économiquement plus efficace qu’un investissement public. La rentabilité étant a priori plus probable, les investissements potentiels seront plus importants.
La liste à la Prévert de 2 000 projets présentée jusqu’à maintenant n’aide pas. Au total, les Etats ont mis sur la table pour 1 300 milliards de propositions d’investissements sans hiérarchiser leurs priorités, à l’exception des Pays-Bas et du Royaume-Uni.
Pour la CES, le plan d’investissement Juncker ne suffira pas mais c’est un début, et il doit être approuvé. Les gouvernements nationaux doivent s’engager à atteindre les 315 milliards et à porter l’investissement bien au-delà de cet objectif.