« Un dessin vaut mieux qu’un long discours ». C’est le pari de la CFDT d’afficher, en 150 tableaux,une rétrospective graphique de son action sur les conditions de travail. Suivez le guide.
En novembre dernier, les locaux de la confédération, boulevard de la Villette à Paris, étaient ouverts au public à l’occasion de l’exposition « Dessine-moi le travail ». Ainsi, on pouvait déambuler entre des affiches CFDT, certaines éditées il y a près de cinquante ans, et recollées sur les murs, mais aussi parmi des dessins de presse signés par de grands noms tels Deligne, Pessin ou Plantu.
L’exposition s’ouvre sur un premier commentaire. « Depuis sa création en 1919, la CFTC puis la CFDT à partir de 1964, a mis la question du travail au cœur de son action. Alors que d’autres organisations syndicales revendiquaient des primes face aux risques de maladies professionnelles, au mal-être, la CFDT a été la première à donner la priorité aux conditions de travail. Elle a été la pionnière sur les questions d’ergonomie des postes de travail. Ces changements fondamentaux passent par l’émancipation des salariés, leur droit à l’expression, leur capacité à devenir acteur de leur destin (…) ».
Le ton est donné : les conditions de travail sont au cœur de nos préoccupations car elles sont déterminantes de notre vie « au boulot »… qui n’est pas sans effet sur notre vie personnelle.
Alors voici des affiches des années soixante avec la dénonciation des cadences « Du temps pour vivre », « Les cadences c’est dépassé », « Gagner du temps pour gagner des emplois ». On dit aussi que l’on ne veut « pas perdre sa vie à la gagner ». Un peu plus loin le congrès d’Annecy en 1976 souligne « les dégâts du progrès ».
Bien évidemment la question des salaires n’est pas oubliée. Un dessinateur donne la parole à un patron s’adressant aux salariés
« Je vais vous dire ce que je gagne, mais promettez-moi de ne pas vous mettre en colère ». Quant au salarié qui affirme « Je ne gagne pas assez », son employeur lui répond « On en est tous là ».
Avec les années 70/75, la « crise » entraîne un développement de la précarité avec le recours à l’intérim et aux CDD. La CFDT fait une campagne d’affichage « Nous vivrons ce que nous changerons », c’est aussi la lutte pour l’égalité « Un = Une : travailleuse à part entière ».
Un dessinateur illustre l’arrivée des robots dans les usines avec une manifestation de robots humanoïdes qui défilent avec des banderoles « Oui à la flexibilité », « Nous sommes corvéables à mercie », « Non aux salaires, non aux retraites ».
Le travail du dimanche, les heures supplémentaires, les salariés handicapés sont autant de thèmes que less affiches illustrent également. Ainsi, sous la plume d’un dessinateur, Jésus a quitté sa croix sur laquelle il a mis mot : « Je suis au bureau ».
En 1982, avec les lois Auroux sur le droit d’expression, la CFDT déclare « Vous écouter c’est notre force ».
Au-delà, les affiches et les dessins interrogent quant au sens du travail. « Quel travail pour quoi faire ? » En 1976 la CFDT revendique « Un emploi utile pour tous ». A l’aube du 21ème siècle, pour les cadres c’est « la grande désillusion », ils sont « en quête de reconnaissance ».
Arrivé au terme de l’exposition, un dernier dessin retient l’attention. Il représente un homme qui s’adresse au responsable d’une association « J’ai travaillé toute ma vie. Aujourd’hui j’aimerais faire quelque chose d’utile »…
La confédération a rangé ses affiches. Pour autant, tous ceux qui passeront début 2012 dans l’immeuble des fédérations « à Bolivar » pourront à leur tour découvrir ou revoir l’exposition. La province n’est pas oubliée car des exemplaires de l’exposition sont disponibles sur demande et peuvent circuler. Tout le monde pourra donc apprécier, du nord au sud en passant de l’est à l’ouest, les coups de crayon et l’humour des dessins d’artistes. Chacun mesurera aussi la pertinence des slogans CFDT au fil de l’histoire, signatures de nos revendications et de nos ambitions.