Quelles sont les priorités de la CFDT en cette rentrée sociale ?
Médiatiquement, la question des retraites semble occuper tout l’espace de cette rentrée sociale. Pourtant, en toile de fond comme l’an passé, nous avons des inégalités qui minent la société française au point que les 10% des Français les plus pauvres s’enfoncent encore dans la pauvreté.
Et l’urgence de la transition écologique, qui se fait de plus en plus prégnante. Il ne faut pas céder à la panique mais il est grand temps d’agir concrètement pour une transition écologique juste. C’est tout le sens du Pacte du pouvoir de vivre.
Pour la CFDT, outre la mise en place des CSE, le sujet majeur de cette rentrée, c’est la question du travail qui a trop longtemps été délaissée, tant par les politiques que par les syndicats, au profit de la question de l’emploi.
Pourtant, comme l’avait montré notre grande enquête Parlons travail, la relation au travail est fondamentale pour beaucoup de salariés et s’exprime de manières très diverses (demande de reconnaissance, d’amélioration des conditions de travail, volonté d’être plus acteurs de leur parcours professionnel, etc.).
Le Pacte du pouvoir de vivre, lancé avec 18 autres organisations de la société civile, connaît aujourd’hui un rayonnement bien au-delà des attentes.
Comment l’expliques-tu ?
Je crois que le Pacte, aujourd’hui soutenu par 50 organisations, incarne, par la pluralité de ses acteurs, une société civile qui ne veut pas se résoudre à un effondrement des solidarités, à une société totalement individualisée et à un modèle de développement destructeur pour la planète et pour les travailleurs.
Avec ce pacte, les acteurs sociaux que nous sommes ont une puissance de frappe qui permet à la fois de porter une vision coordonnée sur des enjeux sociaux et sociétaux et de construire des modèles alternatifs de développement.
C’est aussi une façon d’être plus fort et plus écouté dans une période où la défiance vis-à-vis des acteurs sociaux reste forte.
Avec les 18 organisations signataires du Pacte, nous avons été reçues fin août par le Premier ministre pour porter nos propositions sur l’écologie, la justice sociale, le pouvoir de vivre et la démocratie. Le gouvernement, au moins dans les intentions, a l’air de vouloir écouter un peu plus, dont acte !
Maintenant, nous attendons des signes tangibles et des mesures concrètes sur la rénovation énergétique, sur la lutte contre la pauvreté. Nous l’avons redit à Édouard Philippe, notre société ne s’en sortira que si elle est capable de faire progresser les plus fragiles en premier.
De son côté, le patronat semblefigé…
On fait face à un patronat statique et un brin hypocrite, qui attend de voir ce que fait gouvernement tout en jouant les lobbyistes à la moindre occasion, comme sur l’assurance-chômage.
Aujourd’hui, salariés et militants syndicaux attendent un patronat capable de s’engager sur la répartition de la richesse créée, mais aussi sur l’égalité femmes-hommes ou l’organisation du travail.
“nous avons demandé à Muriel Pénicaud l’ouverture d’un Grenelle du travail”
En tant que syndicalistes, nous attendons aussi qu’il assume sa part de responsabilité devant les profondes transformations à l’œuvre sur les questions du travail, ce qui supposerait d’ouvrir une négociation sur l’ensemble de ces sujets.
Un an s’est écoulé depuis notre proposition de définir un agenda social autonome autour de la qualité de vie au travail, des discriminations ou de la sécurité au travail.
Sans résultat….
C’est pourquoi nous avons demandé à Muriel Pénicaud l’ouverture d’un Grenelle du travail.
Dans ces conditions, alors que vont s’ouvrir les NAO [négociations annuelles obligatoires], quel message peux-tu faire passer aux équipes CFDT qui vont entrer en négociation ?
Dans les boîtes, les militants CFDT n’ont pas besoin de l’avis de la Confédération pour savoir quoi négocier !
Cependant, il est important de tenir bon face aux employeurs qui tenteraient de faire passer « la prime Macron » pour une anticipation des NAO. Quand une entreprise produit de la richesse, cette dernière doit être partagée et les salariés ne doivent pas en récupérer uniquement les miettes.
Les NAO peuvent également être l’occasion d’obtenir des avancées en matière d’égalité entre les femmes et les hommes ou en faveur des salariés les plus précaires.
Vous retrouvez l’intégral de cet entretien sur :
https://www.cfdt.fr/portail/actualites/une-cfdt-plus-proche-de-vous/-entretien-la-question-du-travail-a-ete-trop-longtemps-delaissee-au-profit-de-l-emploi-srv2_1011339