Corollaire du « Restez chez vous » et de la « distanciation », l’ensemble de nos sociabilités sont bouleversées par la numérisation accélérée de nos sociétés. L’urgence sanitaire rend plus prégnante la question de savoir s’il est encore possible de vivre sans Internet et outils numériques. En cette période de confinement, le numérique nous permet de rester en contact avec nos proches, télétravailler, maintenir une continuité pédagogique, payer nos achats par carte bancaire, regarder des films et séries, obtenir une attestation de déplacement sur smartphone, etc. Le numérique est donc bel et bien devenu un incontournable dans notre quotidien.
Des pas sont franchis avec l’utilisation de drones, de capteurs de température dans les lieux publics (Corée et Chine), d’application vérifiant le confinement avec contrôle inopiné de la police (Pologne), et la dernière nouveauté : l’application de tracking « Stop-Covid » conçu par un consortium européen. Entre liberté publique et enjeu sanitaire le débat est lancé.
Au motif de l’intérêt sanitaire, l’application permettrait d’identifier les personnes ayant été en contact avec celles infectées. Objectif louable, reste les interrogations sur les données transmises et leur utilisation. La CNIL estime que le dispositif est conforme aux exigences européennes si certaines conditions sont respectées : le volontariat, la protection des données, l’application intégrée dans une stratégie sanitaire globale, la possibilité de désinstaller l’application, de supprimer les données et que le dispositif soit temporaire. Le 28 avril, le Premier ministre a déclaré qu’il y avait trop d’incertitudes sur le fonctionnement de « Stop- Covid », et qu’un débat spécifique au Parlement aurait lieu sur ce sujet avant sa mise en application.
Pour la FCE-CFDT, cette application ne doit être qu’un des outils dans la lutte contre cette pandémie. Oui au numérique pour aider à gérer une crise sanitaire, mais pas au détriment du respect de la vie privée et d’une utilisation détournée de nos données personnelles. Le principe du volontariat devra être la règle et non une source de sanction possible. Les entreprises qui contreviendraient à ces conditions contre les travailleurs devront être sanctionnées. Nous rappelons, par ailleurs, qu’en plus d’être discutables sur le plan sanitaire, les attestations de bonne santé que demandent déjà les entreprises sont inadmissibles !
La FCE-CFDT met en garde contre le risque des discriminations au travail que cette application pourrait engendrer. Elle rappelle que l’employeur est responsable de la santé et de la sécurité des salariés. Ce dernier doit mettre en place et faire respecter toutes les mesures d’hygiène et de distanciation physique liées au Covid-19.