2020 n’est pas une année comme les autres, loin s’en faut. Une pandémie, une reprise délicate, un été à espérer, et puis une rentrée économiquement difficile… et c’est peu dire.
Dans ce contexte économique inédit depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, personne n’est épargné, ni les entreprises, ni les indépendants, ni les salariés. Le marché de l’emploi des cadres, particulièrement dynamique avant crise, puisque les prévisions d’alors estimaient à 290000 les nouvelles embauches cadres pour 2020, devient de plus en plus tendu, avec un paradoxe fort, de nombreux licenciements dans des PME comme dans des grands groupes d’un côté, et de fortes tensions de recrutement sur certains secteurs historiquement sensibles, comme la santé, l’IA, la recherche… de l’autre.
La transformation numérique du travail à marche forcée pendant le confinement a démontré qu’un bon rapport à l’emploi et à la formation suppose que des conditions adéquates soient réunies. Les inégalités de situation ont brouillé les lignes des catégories sociales et des inégalités de statuts cadres / non-cadres. Pendant le confinement, vivre une vie de manager de proximité, en forfait jours, ou en chômage partiel, avec souvent une obligation de se former tout en combinant sa vie parentale, fut un vrai un défi pour chacune et chacun.
A tout cela s’ajoutent des inégalités de situation qui vont, elles-mêmes, redessiner le périmètre des inégalités de statut. Les différences de situation peuvent être nombreuses : statut marital, composition familiale, superficie du logement, lieu de résidence, handicap, âge…
Prenons 2 populations de salariés cadres particulièrement touchées :
Tout d’abord les seniors, que l’on incite aujourd’hui à quitter l’entreprise, à cause du cycle économique, alors qu’il y a quelques années, ils étaient encouragés à y rester, même si, en vérité, ils n’étaient que 1 sur 2 à être encore en emploi au moment du départ à la retraite.
S’agissant des jeunes, la chute des recrutements est majeure (-69 % au mois de mai) y compris pour les profils habituels de jeunes diplômés dans des fonctions techniques de gestion en entreprise, informatique ou encore comptabilité.
La FCE-CFDT, sur la question des emplois des jeunes, est sur la même ligne que la Confédération, c’est une priorité ! Deux de nos actions revendicatives traduisent parfaitement cela :
– Accompagner la relance écologique et la numérisation des emplois passe par le recrutement de jeunes diplômés sur des postes innovants.
– L’apprentissage dans le supérieur doit être relancé et aidé pour favoriser le premier pas en entreprise et permettre à tous ces jeunes travailleurs de démontrer leur valeur.
Autre population, les chômeurs cadres. La situation économique ne les épargne plus puisque, malgré leurs qualifications, leur retour à l’emploi devient plus difficile, lui aussi. La CFDT a demandé l’ouverture d’un chantier de concertation sur la question de l’investissement dans les compétences. Les dispositifs de travail « apprenants » pourraient être utilisés pour les embauches de cadres venant des secteurs déjà fragilisés. Sortir de la logique adéquationniste des compétences à un poste pour amorcer la pompe des actions de formation en situation de travail (AFEST), de généraliser à toutes les générations les préparations opérationnelles à l’emploi (POE), ainsi que les actions de formation préalables au recrutement (AFPR). Tous ces dispositifs « apprenants », peu connus, sont d’une grande réactivité dans la gestion des compétences et méritent que l’on s’y attarde pour porter haut nos revendications en termes de maintien d’emplois et de recrutement.