Du 23 au 26 mai 400 millions d’électeurs européens ont été appelés à élire les 751 députés au Parlement européen. Un premier constat positif concerne le taux de participation qui progresse de 8 points par rapport aux élections de 2014 pour atteindre un pourcentage de 50,95% (50,12% en France), le deuxième est que les pro-européens restent majoritaires. Par contre, le résultat final européen redistribue les cartes politiques avec la perte de la majorité que détenaient les deux plus grands groupes : les conservateurs PPE et les sociaux – démocrates S&D depuis 20 ans ainsi que la progression des verts et des libéraux qui vont impliquer des jeux d’alliance tout au long de cette mandature. Le troisième élément est que les eurosceptiques ne progressent pas autant qu’ils l’auraient souhaité et restent très divisés pour constituer un seul groupe politique.
La France avec l’Italie voient les partis d’extrême droite arriver en tête, ce qui est une confirmation en France avec une légère diminution du pourcentage obtenu par rapport à 2014. Les eurosceptiques de droite occupent presque 28% des sièges au Parlement, avec le Brexit et le départ des députés britanniques (dont 29 du parti du Brexit), leur pourcentage devrait diminuer. Même si la menace reste réelle, ce n’est pas le raz de marée que certains espéraient d’autant plus que les alliances ne sont pas obligatoirement naturelles entre les partis d’extrême droite en Europe.
Si les deux principaux groupes PPE (180 députés) et S&D (146 députés) restent les plus importants, outre que le nombre de leurs députés élus baisse régulièrement depuis 10 ans, ils vont devoir trouver des alliances avec les libéraux (groupe ADLE) et les verts (ALE) faute de majorité. Les libéraux deviennent le 3ème groupe et vont avoir avec 109 députés, la possibilité de peser sur le jeu des alliances sur les dossiers à adopter en sessions pendant la mandature. Les députés français de la République En Marche, du Modem et de leurs partenaires veulent rejoindre ce groupe ADLE. Est-ce que ceci aura pour conséquence de redistribuer les cartes politiques en cassant le binôme : gauche – droite comme en France ? A l’heure où cet article est écrit, il est trop tôt pour l’affirmer mais les négociations entre les partis ont commencé tout particulièrement en ce qui concerne la répartition des différents postes dans les institutions européennes.
Maintenant les députés vont élire le président, les vices – présidents et les membres qui participeront aux travaux des différentes commissions du Parlement. Dans le même temps les présidences d’un certain nombre d’institutions seront à revoir par le Conseil des chefs d’Etat et de gouvernement : Conseil européen, la Commission (en concertation avec le Parlement), la Banque centrale ainsi que le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères (voir le magasine 204 sur le fonctionnement des institutions européennes). Des règles et des équilibres sont normalement à respecter mais au regard du nouveau paysage politique, il est possible de voir quelques surprises dans les nominations. Ainsi des rumeurs d’Angela Merkel pour la présidence du Conseil européen ainsi que Michel Barnier à la présidence de la Commission en plus des leaders des partis les plus représentatifs : Manfred Weber (Allemagne, PPE), Frans Timmermans (Pays – Bas, S&D) et Margrethe Vestager (Danemark, ADLE) vont bon train.
A la CFDT et à la FCE, nous avons tous fait en sorte que les eurosceptiques ne prennent pas une place trop importante dans notre institution européenne, c’est une première étape. Maintenant, nous espérons que nos nouveaux représentants européens démocrates prennent des décisions en faveur de la solidarité (migration), du social, du développement de la recherche et de l’industrie. C’est dans ce sens que la FCE continuera à investir tous les lieux décisionnels afin que l’ensemble des citoyens européens se sentent véritablement reconnus.