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EDF/Gaz de France : la FCE s’adresse à Sarkozy

Le 25 mai 2004, la fédération adressait un courrier au ministre d’Etat, de l’Economie, des Finances et de l’Industrie contre le processus de privatisation d’EDF et Gaz de France engagé par le gouvernement.

Le 25 mai 2004, la fédération adressait un courrier au ministre d’Etat, de l’Economie, des Finances et de l’Industrie contre le processus de privatisation d’EDF et Gaz de France engagé par le gouvernement.

« Le 27 mai prochain, les électriciens et les gaziers manifesteront, avec leur fédération, contre le processus de privatisation engagé par votre décision de changer les statuts d’EDF et Gaz de France. Notre organisation considère que cette décision gouvernementale précipitée exclut les usagers, les consommateurs d’un débat citoyen suffisant. Par ce courrier, nous venons. Elles se résument en des désaccords, des interrogations et des exigences

A ce jour, nous pensons toujours que le statut actuel des entreprises EDF et Gaz de France permet de concilier rentabilité économique et développement industriel. Pour cela, il est indispensable que l’actionnaire unique clarifie ses relations avec les deux entreprises pour assurer aux Français une continuité de service et une qualité d’approvisionnement. En effet, il est de votre responsabilité de prémunir notre pays de tout risque de pénurie, de panne ou encore de tentation d’organiser la pénurie à des fins spéculatives. Dans cette perspective, les entreprises de ce secteur doivent honorer des missions de service public avec un prix le plus bas possible pour une fourniture de haute qualité. Or, votre décision remet en cause de fait tous ces principes.

S’agissant des questions liées à la politique énergétique, elles engagent notre pays à très long terme, et nos désaccords relèvent essentiellement des conséquences industrielles de la politique énergétique.

Votre décision de lancer la nouvelle génération du réacteur nucléaire EPR inscrit notre pays durablement dans le tout nucléaire. De facto, notre nation deviendra le réservoir nucléaire de l’Europe. Notre organisation estime que la part du nucléaire doit revenir à un niveau plus raisonnable que les 78 % prévus dans votre loi d’orientation.

En affirmant que la France a besoin de nucléaire pour produire de l’électricité compétitive, pour garantir sa sécurité d’approvisionnement et pour lutter contre les gaz à effet de serre, vous faites l’impasse sur la réduction des émissions de gaz produites par l’automobile. Sans réduction significative du quota de CO2 par l’industrie automobile, il est effectivement impossible de garder durablement des centrales thermiques en activité.

Pour la CFDT, la France doit avoir une politique énergétique ambitieuse, équilibrée et diversifiée qui permette un vrai mix-énergétique. Elle ne peut dépendre d’une technologie unique de production. Tout en gardant l’option nucléaire ouverte, nous préconisons une diversification de la production énergétique globale. Elle permettrait d’impulser une dynamique de recherche plus forte en direction des différentes options retenues. Les choix industriels d’EDF résultent directement des orientations de la loi politique énergétique. Gaz de France a démontré qu’elle avait les moyens de son ambition européenne sans recourir aux capitaux extérieurs.

Notre principale interrogation concerne la redéfinition des missions de service public de l’énergie par un cahier des charges type opposable à tous les opérateurs. Outre la définition des obligations, ce cahier des charges doit également définir les moyens humains, financiers et techniques, nécessaires à une mise en œuvre réellement équitable.

Nous considérons que c’est sur ce socle fondamental que la politique sociale de la branche des IEG doit être construite.

Or, depuis le dernier accord conclu à EDF et Gaz de France sur la réduction du temps de travail en 1999, nous avons le regret de constater que l’emploi, les conditions de travail et les rémunérations se sont considérablement dégradés. En deux ans, près de 10 000 emplois ont été supprimés et nous avons toutes les raisons de craindre une nouvelle détérioration massive de l’emploi.

Les agents sont légitimement inquiets face à l’avenir, bouleversés par des restructurations incessantes effectuées sans lisibilité et sans que le sens de celles-ci ne soit expliqué.

Est-il utile de vous rappeler l’attachement de notre organisation à la démarche contractuelle ?

Fortement engagés par notre signature de l’accord de méthode du 12 janvier dernier, nous participons à toutes les réunions organisées par la DPRS. Nous sommes circonspects quant à la volonté politique contractuelle des deux groupes. Ce n’est pas au nombre de réunions que l’on juge de la qualité et du niveau du dialogue social, mais bien aux réels résultats concrets.

Nous attendons toujours l’ouverture de véritables négociations sur le volume de l’emploi, son contenu et sa garantie. Au préalable, il est indispensable de faire un sérieux bilan de l’accord de 1999 sur l’emploi, les organisations et les conditions de travail et d’envisager une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences dignes de ce nom. Nous réclamons un moratoire sur l’emploi et des négociations décentralisées pourraient résulter d’un accord-cadre national.

Concernant la branche professionnelle, il est temps qu’elle se dote des outils et des moyens propres à assurer les régulations utiles et nécessaires pour franchir un nouveau cap répondant aux enjeux de la profession. L’organisation même de celle-ci devra être revue, notamment en matière de représentativité des acteurs patronaux. Les négociations avortées sur l’accord amiante et celles qui piétinent sur les classifications et les rémunérations sont l’illustration des difficultés rencontrées. Par exemple, l’incapacité de la branche à faire appliquer le statut des IEG aux salariés des nouveaux entrants, comme ceux d’Energie du Rhône filiale d’Electrabel (Groupe Suez) alors que cette entreprise adhère à l’UFE, illustre les dysfonctionnements.

Aujourd’hui, les électriciens et les gaziers sont malmenés et déconsidérés. Ils sont tenus éloignés des grands enjeux qui attendent leur entreprise. Ils n’ont pas d’espace de proximité qui leur permette de donner un avis pour améliorer le service, cœur de leur mission. Il est grand temps de leur redonner du sens et la parole en réactivant, par exemple, le droit d’expression des salariés.

Par ailleurs, notre fédération réaffirme son attachement aux entreprises intégrées, de la production jusqu’aux services après compteurs. C’est le gage d’une pérennité pour ces groupes, d’une cohésion et d’une solidarité entre les salariés, et enfin d’une efficacité économique et industrielle permettant de relever le défi de la concurrence en Europe.

En conclusion, Monsieur le Ministre d’Etat, nous réitérons notre opposition au changement de statut. Comme nous l’avons maintes fois exprimé, EDF et Gaz de France appartiennent à la nation, à ceux et à celles qui en ont fait les entreprises préférées des Français, c’est-à-dire les salariés.

Souhaitant que vous accordiez une attention particulière à nos positions, nous vous prions de recevoir, Monsieur le Ministre d’Etat, l’expression de notre considération la plus haute. »

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