La canicule a imposé à EDF des exercices de haute voltige pour éviter que le système électrique « n’implose ». Une nouvelle fois, les choix énergétiques de notre pays et les missions de services publics sont questionnés.
La situation exceptionnelle que notre pays vient de traverser a montré les points faibles d’EDF. Ici ou là, ruptures de lignes dues aux orages, réserves d’eau des barrages insuffisantes et prioritairement destinées à l’agriculture, ont été les défaillances observées dans la production comme dans le transport. Seul le caractère intégré de l’entreprise a permis d’éviter des délestages qui auraient pu être dommageables tant pour les industriels, grands consommateurs d’électricité, que pour les citoyens les plus fragiles, malades et personnes âgées.
Les problèmes ne viennent pas de la surconsommation, comme la ministre voudrait nous le faire croire. Rappelons que le pic de consommation du 1er août n’est monté qu’à 53 100 mégawatheures (MW), de 3 300 MW à peine supérieur à celui du 1er août 2002.
C’est, en revanche, pendant les mois d’été que se concentrent le plus grand nombre d’opérations de maintenance dans le parc nucléaire et thermique d’EDF. Le groupe devra probablement faire un retour d’expérience sur les systèmes de refroidissement de ses centrales nucléaires et thermiques. Il devra établir un plan de maintenance plus équilibré dans le temps.
A la veille de l’examen parlementaire du projet de loi sur l’énergie, cette crise questionne une nouvelle fois les choix énergétiques de notre pays. La diversification de nos sources d’énergie s’impose plus que jamais. Les recherches sur les nouvelles formes de production d’énergie doivent dès lors s’intensifier.
Le débat public sur les politiques énergétiques, amorcé par le gouvernement au premier semestre 2003, est loin d’être clos. Cette crise majeure est symptomatique du fonctionnement de notre Etat. Elle pose la question des missions de services publics et leurs contrôles. Notre exigence de débat citoyen impliquant collectivités locales, consommateurs et salariés, revêt toute sa dimension après la crise qu’EDF vient de traverser. L’argument du marché concurrentiel est irrecevable en période de crise nationale. Une conception moderne de la gouvernance d’entreprise publique nécessite d’informer les acteurs de l’entreprise et les usagers.
C’est dans ces moments de crise que l’on mesure collectivement que l’électricité n’est décidément pas une marchandise comme une autre.