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Duralex, Ad vitam aeternam

Le 26 juillet 2024, le tribunal de commerce d’Orléans validait le projet de société coopérative menée par la section CFDT Duralex, soutenue par grand nombre de salariés. Quatre jours plus tard, le 30 juillet, l’entreprise Duralex Scop SA était créée. Aujourd’hui, alors que l’effervescence des premiers jours est retombée, que les politiques se sont peu à peu éloignés et que la lumière sur l’entreprise s’est tamisée, il était important pour la FCE-CFDT de faire un point d’étape à l’aube du premier anniversaire de ce projet aussi courageux qu’audacieux. Sous l’égide de la Confédération, en présence de Marylise Léon, du Syndicat Centre-Val de Loire et de l’URI Centre-Val de Loire, la FCE-CFDT, représentée par le secrétaire fédéral et le délégué fédéral de la branche Verre, s’est rendue à l’usine de La Chapelle-Saint-Mesmin, pour rencontrer la délégation CFDT – Suliman, Vasco, Bérangère, Laure, Sébastien, Daniel – ainsi que Florence, de la Fédération des Scop, et échanger avec eux sur le passé, le présent et l’avenir.

A l’annonce de la mise en redressement judiciaire de l’entreprise, le 21 avril 2024, les salariés ont d’abord cru à une mauvaise blague, une sorte de déjà-vu, si on en croit le nombre de repreneurs précédents. Dès le départ, ils ont compris qu’il faudrait se remonter les manches pour ne pas revivre des licenciements dus à une mauvaise gestion, et que la bataille serait rude pour défendre les emplois. « Les repreneurs venaient avec du chômage partiel et des licenciements, il y avait 3 offres, mais avec rien, ils ne venaient que pour la marque, pas pour l’humain, ils ne savaient pas comment ça fonctionnait. »

C’est alors qu’est apparue l’idée de monter une Scop. Suliman, en tant que délégué syndical, s’est alors tourné vers la CFDT pour trouver des aides afin de mener à bien ce projet. Très vite, il a pu compter sur le soutien de l’UD et de l’URI, qui l’ont conforté dans sa démarche en favorisant les contacts et en multipliant les conseils, avant que Syndicat, Fédération, Confédération n’interviennent pour consolider le groupe et responsabiliser les municipalités. La région a répondu présente, la métropole a soutenu le projet, la FCE-CFDT a fait confiance aux salariés et a organisé des réunions avec l’URI, qui a fait le lien avec les fonds publics, les ministères… pour alerter sur la situation afin que tous se mobilisent et prennent leur responsabilité.

La section syndicale, quant à elle, s’est consolidée et a œuvré, sans relâche, multipliant les actions pour maintenir l’emploi et ne laisser personne sur le bas-côté.
« On est beaucoup allés sur le terrain pour discuter avec les salariés, on a fait de nombreuses assemblées pour leur expliquer ce qu’était une Scop… rapidement, car on avait un délai de 2 à 3 mois. Cependant, même si on avait ce projet, on n’a jamais mis de côté les offres de reprises, la Scop s’était avant tout une roue de secours. On n’était pas là pour vendre la Scop, mais pour sauver Duralex, que ce soit avec un repreneur ou pas. Après, la grande difficulté, c’est que les autres OS ne suivaient pas. Du coup, la CFDT portait seule ce projet. »

A cette époque, la section devait être sur tous les fronts : « Il fallait travailler sur l’offre de reprise de Scop, mais aussi sur le plan de financement et mobiliser les salariés pour leur expliquer leur rôle. On avait trois chantiers à mener en même temps en 3 mois. »… et c’était sans compter les difficultés rencontrées ou les différends avec la Fédération des Scop qui doutait du projet à cause du faible capital de base et du refus de licencier. « La difficulté, c’était d’arriver devant les banques avec un plan de financement de 9 millions, avec un capital social de 60… et leur montrer que l’on allait être rentables d’ici à trois ans, qu’on allait monter en puissance. »

Pourtant, à force de persévérance et de détermination, les salariés ont cru au projet. Les premiers à avoir adhéré aux propositions de cette toute nouvelle section syndicale sont les plus anciens, ceux qui avaient connu déjà plusieurs redressements judiciaires et qui ne voulaient plus revivre cela. « Ils voulaient partir sur un autre modèle, sauver les salariés et que l’on puisse gérer la marque nous-mêmes. Malgré la pénibilité des métiers, il était essentiel que l’on sauve l’entreprise, car chacun d’entre nous y est attaché. »

Aujourd’hui, le projet suit son cours. Sur 236 salariés, 150 sont actionnaires, tout secteur confondu : du cadre administratif au personnel du conditionnement. Les règles sont les mêmes pour tous : maximum 40 parts par personne, 50 euros la part, 1 voix en assemblée générale. « La direction a fait en sorte de nous avancer l’argent, après, c’est 50 euros pris tous les mois sur le salaire. Il n’y a pas beaucoup d’impact, on n’est pas obligé de mettre une grosse somme d’un coup à l’entrée. Le but, dans les années à venir, c’est que tous les nouveaux embauchés soient associés dès la fin de leur période d’essai. »

Quant aux relations entre collègues… l’ambiance a toujours été bonne, la création de la Scop n’a fait que souder d’autant plus les salariés entre eux : « Il y a moins de hiérarchie pyramidale, ce qui évite les conflits… »

Même si certaines craintes peuvent parfois planer, comme le remplacement du four en 2032, l’équipe se veut positive et combative. Plusieurs plans d’action sont déjà en place, et les nouvelles embauches, attirées pour certaines par le défi au niveau marketing et commercial, en font partie. « Ils essaient de nettoyer toute la zone pour rajuster les prix, pour ne plus vendre à perte, et vont chercher les clients que l’on avait perdus. Ils font un gros travail pour contrôler qui vend quoi, parce qu’aujourd’hui notre but, c’est d’aller chercher ce qui va nous permettre de nous développer. »

Passé l’engouement du public à la suite de la reprise de l’usine par les salariés (ventes exceptionnelles en grandes surfaces, à la boutique à Orléans, e-commerce…), l’avenir de l’entreprise se trace petit à petit, en France comme à l’étranger, avec, entre autres, l’ouverture en avril du premier magasin Duralex à Paris, dans le 8e arrondissement, une épicerie/café, une boutique sur le site, avec visite de l’usine, et même une édition limitée, avec triptyque bicolore pour l’Elysée… « L’important, aujourd’hui, c’est de repositionner Duralex là où la marque a perdu sa place. »

Sa place, la section Duralex l’aura également lors du congrès fédéral, à Lille, du 13 au 16 mai, avec un stand, et d’autres surprises… Il était important pour la FCE-CFDT de réitérer son soutien à ces militants hors pair, et de montrer que la CFDT sait se mobiliser pour voir, à jamais, le Verre à moitié-plein.

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