Les élections régionales des 14 et 21 mars dernier ont été marquées par un fort taux d’abstention (48,8 % en 2010 contre 34,4 % en 2004). Le scrutin présenté comme une échéance nationale a éludé le bilan des politiques régionales. Le taux d’abstention culmine à de très hauts niveaux dans des villes où les électeurs sont majoritairement issus des couches populaires. L’abstention fragilise notre vie démocratique et illustre un déficit de confiance des citoyens vis-à-vis du politique. Ajoutée à la remontée du score du Front National, cela ne peut qu’inquiéter tous les démocrates.
Le président de la République en porte une lourde responsabilité. Il a beaucoup fait rêver lors de sa campagne présidentielle avec le slogan « je serai le Président du pouvoir d’achat ». Il a promis la fin des injustices et il a mis en place le bouclier fiscal limitant l’impôt des plus riches. Il a aussi beaucoup promis sur l’emploi, et cette promesse n’a pas été tenue. En bref à force de dire aux gens « je sais tout et je peux tout » le Président a alimenté la désespérance sociale. Les résultats de son action sont en contradiction avec ses promesses. Mais les causes de cette baisse de confiance vis-à-vis des politiques ont aussi des racines plus lointaines. La persistance, depuis près de 40 ans, de la crise économique et d’un fort niveau de chômage, la précarisation croissante de l’emploi sont aussi des facteurs de désespérance. Lorsque dans des cités le chômage atteint 20, voire 30% des actifs, lorsque le nombre de salariés pauvres augmente, lorsque le prix des loyers flambe, l’efficacité de l’action politique est questionnée. La crise de 2008 a accentué la perte de confiance au politique du fait des promesses non tenues, et la montée du Front national du fait de la pauvreté grandissante.
Comment des gens pourraient-ils continuer à supporter les sacrifices imposés par la crise alors que des spéculateurs, des actionnaires, des traders, des patrons voient leurs revenus atteindre des sommets ? Les salariés et les chômeurs ont légitimement le sentiment d’injustice totale. Face à ce contexte, la priorité du pays doit être sociale pour préserver et consolider la démocratie. L’emploi, le pouvoir d’achat et la lutte contre les inégalités sont autant d’enjeux dans la période. Il est donc urgent de développer de nouvelles politiques économiques et sociales qui s’inscrivent sur le long terme avec des réponses immédiates, et qui contribuent à l’amélioration de la justice sociale au quotidien.