Les aménagements intérieurs de nos locaux se limitent souvent à des alignements de bureaux, individuels ou par deux, d’un seul côté avec de longs couloirs, impersonnels, sans âme, sans dynamique. Revoir nos aménagements de bureaux est donc souhaitable.
· Pourtant, quand on interroge les intéressés, on constate qu’ils n’aiment pas partager leurs bureaux (1) : en cause la culture française attachée à la notion de territoires souverains, le travail avec l’autre perçu comme une source de problème, la conception des espaces ouverts vus comme peu conviviaux.Un colloque organisé par l’Assemblée Nationale (2) sur les incivilités au travail démontre que, pour 58% des salariés, l’open space développe les incivilités et le mal être au travail. Ceux qui ont l’habitude de travailler en bureaux fermés acceptent difficilement d’évoluer en espace plus ouvert.
· Pourtant, quand on écoute nos directions sur les nouveaux aménagements, nous entendons des envolées lyriques, on nous parle de modernité, de nécessaire transversalité ou d’une réponse adaptée aux besoins d’immédiateté soi-disant souhaités par les salariés. Alors qu’est-ce qui cloche ? La crainte du changement ? Probable. Le manque de sincérité des directions ? Tout autant.
Sous couvert de transversalité, on veut nous faire avaler une réduction significative des espaces dédiés à chaque poste de travail. L’approche participative des salariés, tant vantée par la direction, n’est qu’un prétexte pour faire croire aux agents que l’aménagement est choisi alors qu’en réalité il est subi.
Tentons d’y voir plus clair SUR la méthode utilisée : Plusieurs projets d’aménagements de bureaux sont en cours à RTE (Lyon, Nantes, Avignon,…).
Explication de texte : dans ces projets d’aménagements, on distingue les espaces dédiés aux postes de travail et les espace partagés (salle de réunions, vestiaire, bulles, « place du village ») – Pour déterminer la superficie dévolue à chaque salarié, il est tenu compte de son poste de travail et d’une partie proportionnelle de l’espace partagé, ce qui réduit d’autant l’espace dédié au poste de travail. En outre, il est prévu une augmentation globale de la densité de salarié par m². C’est donc la double peine et une promiscuité aggravée.
Qu’on ne se s’y trompe pas, ces projets d’aménagements sont essentiellement régis par une logique de réduction des coûts (+ de salariés au m²).
Démarche participative: nous constatons que la démarche participative n’est qu’un leurre car elle a pour objectif de masquer la réduction des espaces de travail que la direction a décidée seule sans l’assumer ouvertement. Nous déplorons aussi qu’on oublie le plus souvent de faire appel à des ergonomes. Nous sommes également inquiets d’une insuffisante prise en compte du bruit qui est une problématique majeure.
Sur ce sujet, carton rouge pour le projet de Lyon qui s’est avéré une vraie farce.
Offres de services : nos directions rivalisent d’imagination quand il s’agit de faire des gains. Puisque les salariés vont devoir faire des efforts,il serait légitime qu’ils en récoltent quelques fruits. Sur ce plan, nos directions manquent curieusement d’idées. Offres de services du bout des lèvres et très limitées : quelques places de crèche. What else ? Aucun effort particulier sur l’offre de restauration par exemple. Saviez-vous que le groupe BNP Paribas (3) propose à ses salariés un repas complet et souvent bio pour 2 à 3 euros. C’est donc possibleà condition que nos directions y mettent un peu d’allant et de volonté.
Concepts d’aménagements : arrêtons d’importer béatement des concepts venus des « States » pour les introduire dans la seringue française. Que penser par exemple de la fameuse « place du village » qui occupe une grande superficie dans les projets (200 m²) au détriment des espaces bureaux. Elle doit favoriser les échanges entre salariés mais la direction est incapable à ce jour de nous indiquer son usage et son utilité.
A quand, une pelouse intérieure pour « travailler allongé sur l’herbe avec son portable, comme dans les campus américains » ?
Nous ne sommes pas dupes, les aménagements de bureaux constituent un enjeu économique important pour l’entreprise. Néanmoins les coûts indirects liés à la démotivation, aux arrêts maladie et au mal-être des personnes risquent de faire pencher la balance dans le mauvais sens.
Pour nous CFDT, l’efficacité passe par une méthode plus respectueuse des personnes :
1 – Afficher des objectifs clairs et une finalité sincère (pour changer).
2 – Associer les partenaires sociaux en amont et tout au long du projet (nous sommes force de propositions).
3 – Embarquer les salariés via des ateliers pour les faire gagner (et pas uniquement pour les faire participer).
4 – Elargir le sujet aménagement de bureaux à une offre globale intégrant les services (offre de restauration).
5 – Conduire et accompagner le changement (un déménagement est anxiogène).
Dépenser quelques sous supplémentaires pour l’espace, c’est du management intelligent. Ne vous trompez pas dans vos arbitrages.
(1) Source Le Figaro 5 novembre 2014 – « Les français n’aiment pas partager leursbureaux ». (2) Source Assemblée Nationale 5 novembre 2015 – Colloque «Incivilités au travail ».(3) Source Dossier France 2 « restaurants d’entreprises » Novembre 2015.