Plus nombreux, plus forts. Mobiliser toutes nos énergies au service de la syndicalisation. Tel est le défi lancé aux 150 responsables de syndicat réunis le 30 septembre 2003 à Paris. Temps forts de cette journée.
Bagnolet, 30 septembre, 9 heures du matin. Debout autour d’un café, d’un jus d’orange ou d’un croissant, les responsables de syndicat engagent la discussion sur la syndicalisation avant même l’ouverture de la journée. Les propos échangés par petits groupes ressemblent à un bourdonnement. L’entrée de la salle, à une ruche. On dirait comme une ambiance de congrès, la répétition générale des discussions du prochain, qui se tiendra début décembre à Amnéville.
Les militants ont réaffirmé avec force leur volonté de réussir l’objectif fédéral fixé en 1997 : doubler le nombre d’adhérents en 10 ans. Cette cible sera-t-elle réalisée ? Oui, si nous trouvons « un second souffle » a indiqué Patrick Pierron, secrétaire général de la fédération et responsable du développement. Car le taux de progression du nombre d’adhérents est en déclin depuis 1997 : de + 6 % d’augmentation, nous en sommes aujourd’hui à + 1,6 %. Mais les marges de progression sont grandes. Le monde du travail ne compte qu’environ 8 % de syndiqués. Et notre fédération ne rassemble que 4 % des salariés employés dans les entreprises de ses champs professionnels.
Tous ont ressenti le besoin d’une analyse objective des causes qui ont mené à ce constat : « Comment donner du sens à l’adhésion ? », « Pourquoi n’arrive-t-on pas à valoriser nos acquis et fidéliser ? », « Quelle place donner aux retraités ? »
Et tous se sont rejoints pour avancer que le développement était une affaire collective. Qu’il ne doit pas reposer sur une seule personne. Le collectif doit être soudé, mobilisé autour d’un même objectif et formé. Travailler en collectif facilite une communication efficace, vivante et dynamique (tracts réguliers, informations aux adhérents, panneaux d’affichage remis à jour régulièrement ).
Patrick Pierron a souligné que « le défi du développement devait être une préoccupation majeure et quotidienne du militant, quel que soit son niveau de responsabilité ». Mais comment parvenir à l’adhésion ? Pour les uns, « faire adhérer et développer la FCE-CFDT, c’est s’arracher, aller sur le terrain ! ». Pour dautres, « c’est souvent proposer l’adhésion tout simplement ».
Des militants motivés et animés d’une réelle ambition pour oser l’adhésion auprès des salariés, tel était l’état d’esprit de cette journée. Se donner les moyens d’atteindre ensemble notre cible, tel était son enjeu. Mais pour cela, il faut de la méthode.
De la méthode
A l’échelle d’un syndicat, le développement doit être pensé, organisé, et structuré. Il est essentiel que le syndicat s’appuie sur sa connaissance des implantations des entreprises sur son territoire et la croise avec les lieux où la CFDT est déjà présente. Il peut alors aller à la rencontre de salariés qui n’ont pas encore eu l’opportunité de rencontrer notre organisation. De plus, le syndicat doit aider les sections à construire et mettre en œuvre les actions qui répondent aux attentes de leurs adhérents et leur permettent d’en augmenter le nombre. Cette démarche, pour être efficace, doit être collective et dans la mesure du possible soutenue par les adhérents de la section eux-mêmes.
Chaque entreprise est spécifique. Il faut donc en tenir compte dans notre approche du développement. Seul un diagnostic précis permet d’orienter correctement l’action de la CFDT en fonction de ses forces et de son contexte. Cette méthode a le mérite d’être rapide et efficace. Les responsables du syndicat peuvent tracer, à partir du diagnostic établi, les grandes lignes du plan d’action qui sera à préciser avec la section syndicale.
L’impulsion de la dynamique doit nécessairement passer par le secrétaire général et le bureau du syndicat. Ils doivent engager et piloter une démarche volontaire et professionnelle qui dynamise les sections.
Réussir à faire partager nos valeurs et nos idées avec les salariés passe par une pratique de proximité. Les responsables présents ce 30 septembre en ont pris conscience. Ils ont décidé de s’impliquer fortement dans la démarche. A tout moment, ils pourront s’appuyer sur l’équipe nationale Développement qui a déjà obtenu des résultats probants. Sections ou syndicats, où elle est intervenue, ont largement apprécié son action.
La CFDT en scène
Faire vivre le développement sur scène, c’est le pari qu’a tenté l’équipe nationale Développement. Jouer au délégué pour mieux comprendre ce que l’on fait, ce que l’on ne fait pas et ce que l’on devrait faire. Extraits d’une saynète où deux militants se donnent la réplique :
– « Défendre les salariés, améliorer la vie au travail ou faire jouer les solidarités, c’est ça le syndicalisme. »
– « Véritable programme, mais la CFDT ne peut pas le gagner toute seule. Elle a besoin du soutien des salariés pour construire un rapport de force, pour ne pas en rester au discours ! Tu vois, c’est simple. »
– « C’est vrai. Mais si c’était si simple, on n’en serait pas là aujourd’hui, si peu nombreux. »
– « Regarde autour de toi. Le monde évolue. D’un côté, les organisations du travail ont tendance à isoler les salariés. Il y a aussi les délégués qui sont absorbés par des tas de réunions. Je me demande même s’ils n’ont pas tendance à se regarder le nombril (rires). Ils pensent détenir les solutions les plus géniales et sont tout étonnés que les salariés ne leur sautent pas dans les bras en disant : « Je veux adhérer, je veux participer ».
– « Des salariés isolés et des délégués qu’on ne voit pas. Ca ne serait donc qu’une question de pratique ? »
– « Oui. Je pense que le plus important c’est la proximité pour établir le lien entre les personnes. Cela permet de confronter les points de vue et vérifier nos propositions avec la réalité que vivent les salariés. »
– « Pour ça, il faut sortir du local syndical et des réunions avec le patron »
– « Sûrement, et l’on peut non, je dis même : il faut faire des tournées dans l’entreprise, rencontrer les salariés, discuter de l’actualité, des conditions de travail, des positions de la CFDT et de son fonctionnement »
– « Et de la place qu’ils pourraient prendre s’ils étaient adhérents. »
-« T’as raison. »
– « Bien sûr que j’ai raison. »
– « Mais parler de la CFDT entre nous c’est facile. Même si parfois on s’engueule un peu. Ce qu’il faut, c’est en parler avec les salariés et leur proposer de nous rejoindre en devenant adhérents. »
-« Pas facile de proposer »
-« Sauf si l’on sait pourquoi on leur demande de nous rejoindre ! »
Pour chacun de nous, être adhérent à la CFDT, c’est une évidence. C’est le moyen de ne pas rester isolé, de faire valoir ses droits, les préserver, en gagner d’autres, améliorer ses conditions de travail et de vie, faire évoluer la situation de tous. Etre plus nombreux pour être plus forts, et peser sur l’avenir que l’on ne veut pas voir se construire sans nous.
Nous savons bien que la réponse syndicale est un élément déterminant pour l’amélioration des conditions de travail, tant dans l’entreprise que dans la vie quotidienne dans la cité.
Mais cette conviction d’une adhésion « qui va de soi » n’entraîne pas de génération spontanée. Nous devons nous rappeler que notre propre adhésion est le résultat d’une rencontre. Nous avons un jour été interpellés. C’est le cas de plus de 80 % d’entre nous. Une rencontre, une discussion et une proposition, voilà comment nous sommes arrivés là. « On m’a proposé d’adhérer. J’étais libre de choisir. J’ai décidé de rejoindre la CFDT. Aujourd’hui, je ne le regrette pas. »
Les membres de l’équipe nationale Développement ont insisté sur la place incontournable du contact.
L’avenir de la CFDT passe par là et par chacun de nous qui sommes la CFDT !
n Plusieurs militants ont souligné à leur manière que le départ à la retraite était sinon le début d’une nouvelle vie, au moins une rupture. On quitte le travail, les copains et le syndicat ; on rejoint sa famille, ses amis et l’on prend désormais de longues vacances. Pour raison d’âge, on quitte l’atelier ou le bureau ; on est content d’être libéré de certaines contraintes. Mais pourquoi quitter la section d’entreprise, et la CFDT, dans laquelle on a donné son avis, pris des positions, décidé de signer ou ne pas signer un accord, avec laquelle on a participé aux mouvements de grève pour que la situation de tous et de chacun s’améliore ?
Evidemment la vie à la retraite n’est plus la vie au travail. Tant mieux. C’est une amélioration que l’on doit aux syndicats, aux adhérents, à ceux qui font la CFDT. Ces grandes vacances auxquelles on aspire, bien avant l’âge de la retraite quelquefois, c’est encore une conquête syndicale.
Alors quitter la CFDT, non ce n’est pas possible. Bien sûr la participation des retraités aux activités syndicales sera différente de celle qu’ils exerçaient en tant que salariés. Mais de là à tout abandonner, il y a un pas à ne pas franchir.
Faut-il ajouter que l’avis des retraités, de plus en plus nombreux, est important. Il est incontournable, particulièrement sur les conditions de vie une fois la porte de l’entreprise refermée.
Les départs à la retraite, cela veut dire qu’il faut sur les lieux de travail remplacer les places laissées vides. Une préoccupation d’autant plus pertinente que l’on observe un vieillissement de la pyramide des âges des adhérents.
« Il est temps de faire des petits ! ». Pour rajeunir les équipes, entendre tous les avis, notamment celui des jeunes. Faire que la CFDT soit de plus en plus représentative des réalités, celles du travail, que l’on soit dans un atelier, sédentaire dans un bureau ou itinérant à la rencontre de clients dispersés.
L’équipe nationale Développement a imaginé 6 clés pour ouvrir les portes du développement.
0L’engagement personnel. Clé essentielle, elle repose sur la compréhension, la motivation, la volonté, et surtout la responsabilité.
Le lien de qualité entre les militants. S’il n’est pas correctement assuré, il génère des dysfonctionnements (démotivations, incompréhensions, repli sur sa section) qui pénalisent l’efficacité syndicale et particulièrement l’adhésion.
Les moteurs territoriaux. Notre structuration en 27 syndicats régionaux est un atout et une force pour enclencher un développement significatif. Ces moteurs territoriaux doivent être capables de produire des actions de proximité, cohérentes, efficaces et durables.
Les ressources. Elles sont le carburant nécessaire aux moteurs territoriaux. Il est indispensable d’affecter des ressources aux situations qui permettent le meilleur développement.
L’action revendicative et le développement. Trop souvent, nous dissocions les deux dans notre action syndicale, alors que les salariés nous identifient dans le cadre de nos actions revendicatives.
La clé de contact. Indispensable pour démarrer une démarche d’adhésion, elle représente notre volonté et notre capacité à aller au-devant du salarié pour lui parler de la CFDT.