Des syndicats ont décidé de lancer à titre expérimental un « système d’accueil des sympathisants ». Une expérimentation proposée par le secteur développement et soutenue par le Comité directeur fédéral. Explications.
D?es militants trop souvent « généreux » avec les salariés non adhérents. Lorsqu’un salarié non adhérent sollicite un délégué CFDT, ce dernier ne résiste pas toujours à l’envie de l’aider, et ce sans contrepartie. Il répond alors à ses questions, l’informe, lui rend services… comme s’il était adhérent. En effet, nombre de délégués ont de fortes réticentes à marquer une franche fracture entre l’adhérent et le non adhérent. « Je ne peux quand même pas envoyer balader un salarié sous prétexte qu’il n’est pas adhérent » justifient-ils. Pour autant nous savons bien que privilégier les adhérents est légitime, mais d’un autre côté, le délégué sait que son « grand cœur » et ses compétences font qu’il va répondre à toutes les sollicitations. Alors les salariés se passent le mot « va voir le copain CFDT, il va te renseigner ». Et c’est l’engrenage. Alors, que faire ? Le secteur développement fédéral propose de mettre en place un « Système d’Accueil des Sympathisants », un sas vers l’adhésion.
Le dispositif proposé consiste à organiser, au niveau de la section syndicale d’entreprise, une transition de durée limitée entre le statut de « sympathisant » et celui d’« adhérent ». C’est alors un contrat clair entre les mains du sympathisant. La section accepte de le traiter comme un adhérent, pendant une durée donnée. En fin de période, il lui appartiendra de choisir. Soit il adhère et tout continue. Soit il n’adhère pas et tout s’arrête.
Pour cela, une méthode simple
La section recense ses sympathisants. Puis elle va les voir et leur propose le SAS. L’objectif est de leur faire découvrir le fonctionnement, le rôle et les objectifs poursuivis de la CFDT. Puis de gagner leur confiance. Cet essai doit être limité dans le temps, soit sur une durée (3 à 6 mois), soit sur un nombre de services rendus, soit les deux. Au terme de cette période, l’utilité de la CFDT sera démontrée et la confiance gagnée. Aussi la phase finale de cette « période d’essai » est la proposition d’adhésion. En fait, certaines sections pratiquent déjà le SAS sans le savoir. Ainsi, le fait de proposer à un salarié non adhérent de traiter une fois son problème et de lui expliquer qu’au prochain coup, il faudra qu’il adhère, ce n’est autre qu’une démarche SAS.
Un préalable indispensable : Les bonnes pratiques syndicales.
Pour pouvoir proposer aux sympathisants, un « plus » pendant cet « essai », il faut au préalable répondre à la question : Qui sont nos sympathisants nominativement ?
Le plus difficile pour ceux qui ne distinguent pas adhérents et non adhérents, sera de faire cette distinction.
Puis pour mettre en place le SAS, les militants devront se poser une autre question : quel « plus à l’adhérent » pratiquons-nous dans la section (information, aides, conseils, défense…) ? Ce plus est-il réellement réservé aux adhérents ?
La carte de « presque adhérent » : un jalon utile
Afin de montrer au sympathisant accueilli que ce dispositif est organisé et suivi, l’équipe pourra proposer une carte de presque adhérent. Cette carte devra être émise par la section et gérée par elle. Sur la carte, il pourra y avoir les coordonnées du salarié, son service, la date de début du SAS, sa date de fin de validité.
L’intérêt de cette carte est de valider avec le salarié le fait qu’il est bien un sympathisant et qu’il n’est pas gêné par le principe d’adhérer (même si dans un premier temps c’est « pour voir »). Elle permet d’officialiser un lien et de laisser une trace de l’enga-gement réciproque.
Elle oblige aussi la section à faire un suivi des sympathisants ainsi accueillis (qui, quand, jusqu’à quand).
En proposant une presque adhésion, le militant fait l’apprentissage de la propo-sition d’adhésion et il s’engage auprès du sympathisant à la lui proposer en fin de dispositif.
N’oublions pas enfin que la loi d’août 2008 sur la représentativité a changé la donne. Elle oblige à être plus attentif aux résultats des élections. En effet, la représentativité est directement liée aux voix exprimées par les salariés. Par ailleurs, il est également démontré que le nombre de voix obtenues est lié au nombre d’adhérent. Davantage d’adhérents, c’est donc davantage de voix pour la CFDT aux élections… et la meilleure voie pour concrétiser nos revendications.