Depuis 1946, en France, l’article 3 du préambule de la Constitution pose le principe de l’égalité des droits entre hommes et femmes : « La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme ». Au fil des ans, un grand nombre de textes législatifs ont été adoptés pour assurer l’égalité entre les femmes et les hommes. Malgré les progrès accomplis, nombre d’inégalités subsistent à ce jour. Alors que l’entrée dans la vieillesse est synonyme d’invisibilité pour nombre de femmes, la CFDT Retraités a fait le choix de se pencher sur les droits des femmes retraitées et les inégalités auxquelles elles sont confrontées.
La résolution adoptée par la CFDT, lors du congrès confédéral de Lyon en 2022, énonce que la CFDT est une organisation féministe.
Mieux vaut être retraité que retraitée
En 2024, les femmes retraitées touchent encore 40 % de moins que les hommes retraités, tel a été l’un des slogans de la CFDT pour la Journée internationale des droits des femmes 2024. L’écart a tendance à diminuer, il est passé de 50 % en 2004, à 40 % à ce jour.
Les femmes retraitées plus souvent pauvres et seules
Les femmes retraitées ont des pensions plus faibles que les hommes. C’est la conséquence d’une activité professionnelle moins rémunératrice et parfois d’interruption d’activité pour élever leurs enfants. Et elles vivent seules plus longtemps.
Les aidants sont en majorité des aidantes
Les aidants sont très majoritairement des femmes comme si cela relevait d’un rôle féminin. Les femmes de 55 à 64 ans sont la population la plus impliquée dans l’aide et le soin aux membres de la famille, avec des conséquences sur leur travail et leur santé. On dénombre 4,73 millions de femmes aidantes dont 23 % ont entre 55 et 64 ans.
La santé des femmes demeure un profond vecteur d’inégalités
La part des femmes de 55 ans et plus, à la retraite ou en inaptitude pour raison de santé, est passée de 8 % en 2012 à 9 % en 2017, puis 10 % en 2021 et désormais 11 % en 2022 », selon une étude récente du Secours Catholique. En 2023, l’espérance de vie des femmes à la naissance en France est de 85,7 ans et de 80 ans pour les hommes. Mais cet écart se réduit, lorsque l’on considère l’espérance de vie en bonne santé : les femmes vivent plus longtemps en mauvaise santé.
Les violences sexistes et sexuelles subies par les femmes âgées
En 2022, 118 femmes ont été victimes de féminicides, 17 étaient âgées de plus de 70 ans. Ces chiffres sont issus d’un rapport intitulé « Étude nationale sur les morts violentes au sein du couple » que publie chaque année le ministère de l’Intérieur et des Outre-Mer. Parmi les 70 ans et plus, les 80 ans et au-delà représentent 80 % des victimes et 53 % des auteurs. La maladie ou la vieillesse des victimes sont avancées comme mobile. Les médias s’en font l’écho, une fois l’an. Il est regrettable que la recherche n’investisse pas ce champ. Rose-Marie Lagrave, désormais retraitée, regrette que l’on mette « les vieux à part et y compris dans les recherches ».
Le combat pour l’égalité doit continuer
L’égalité entre les hommes et les femmes progresse à petits pas. Aucune mesure ne vise en propre les femmes âgées, sauf de manière indirecte, via la pauvreté et la santé. « Rares sont les textes ou les initiatives féministes mettant en cause les conditions sociales ou politiques faites au vieux !! Pourtant les femmes âgées sont plus nombreuses et plus pauvres et plus solitaires que les hommes.
Le rapport 2023 du ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes intitulé « Vers l’égalité entre les femmes et les hommes » comporte un focus sur les femmes seniors. Prenons cette attention comme les prémices d’une véritable prise en compte des femmes âgées.
Source : Retraité Militant 04/2024